Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/43

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Messieurs, vous me direz que ces vues sont trop ambitieuses, qu’à vouloir développer l’enseignement primaire dans le sens d’une culture élevée et vraiment humaine, on risque de faire déserter le travail manuel, on risque de rompre l’équilibre qui existe entre les différentes branches de l’activité nationale.

Eh bien ! messieurs, ce qui créerait ce péril, ce serait précisément une éducation répartie avec une maladroite inégalité. Lorsqu’une instruction sérieuse aura pénétré toutes les couches profondes, lorsqu’elle aura pénétré toutes les couches de la société, l’équilibre ne sera pas rompu, le travail ne sera pas suspendu ; mais il se produira une élévation générale du niveau de la démocratie dans ce pays-ci.

Vous direz encore que c’est rompre avec le dessein, le désir que nous avons de donner une direction pratique à notre enseignement par l’enseignement technique, par l’enseignement professionnel. C’est une erreur, messieurs : car les écoles techniques et professionnelles se recruteront d’autant mieux que vous les aurez fait précéder, à l’école elle-même, d’une culture générale plus élevée. Lorsque vous aurez élevé le niveau général de l’enseignement du peuple, il se répandra avec plus d’abondance et plus de force dans toutes les directions nouvelles du travail.