Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/515

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russe et de l’amitié de la Russie, je demande à la Chambre la permission de lui citer simplement deux très courts extraits de journaux importants de l’opinion russe, et je demanderai à la Chambre d’avoir à l’égard de la politique russe la même liberté que la Russie affirme à l’égard de la politique française. Voici ce que dit la Gazette de Saint-Pétersbourg, dirigée par le prince Oukhtomski. qui a accompagné le tsarévitch dans son voyage à travers le monde et qui est un des représentants les plus accrédités de la pensée du tsar. Il signale nettement les illusions enfantines que la presse française entretient sur les rapports de la France et de la Russie. Voici ce qu’il dit :

« Les journaux français qualifient avec beaucoup d’insistance le comte de Mouravief de francophile et de germanophobe. Ils oublient que le nouveau ministre ne peut être ni ceci ni cela, et qu’il sera tout simplement Russe au plein sens du mot. Ce qui nous en est un sûr garant, c’est, d’une part, l’illustre nom historique qu’il porte, et c’est d’autre part le fait que dans un empire comme la Russie il n’y a nulle place pour des opinions personnelles et que « philie » et « phobie » sont également inconcevables et impossibles.

» Celui qui écrit ces lignes a entendu le comte Mouravief dire à Copenhague, quelques mois à peine avant sa désignation à ce poste élevé, qu’un diplomate russe