Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/520

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jusqu’au bout ce que je considère comme mon devoir. (Très bien ! très bien ! sur les mêmes bancs.) Et je rappelle à M. le président du conseil que, tout à l’heure, il nous demandait de ne pas nous séparer du concert européen, surtout parce qu’il importait à la France de ne pas retomber, par le refroidissement de ses rapports avec la Russie, dans l’état d’isolement douloureux où elle était il y a quelques années. Et je prétends — c’est la démonstration que j’avais entreprise — je prétends qu’il y a dans les traditions historiques de la Russie et dans les manifestations de sa pensée, à cette heure même, des éléments, des tendances qui vous permettraient, je le crois, même à l’heure actuelle, d’obtenir dans la question crétoise une attitude de la Russie plus conforme à nos propres traditions ; et j’en apportais la preuve dans ces lignes de la grande revue libérale russe, le Messager de l’Europe, critiquant la politique de la France elle-même en Orient, dans ces lignes singulièrement instructives :

« Il serait insensé de la part d’une grande puissance civilisée de mettre son autorité au service de l’intangibilité d’un corps politique » — il s’agit de l’empire ottoman — « qui s’écroule et qui continue d’être, pour des millions d’hommes, une cause de souffrances et de misères… En tous les cas — continue la grande revue russe — les ministres de la France