Page:Jaurès - Action socialiste I.djvu/69

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grossières qu’elle avait laissées sous le toit paternel, perdit tout désir d’influence et, par suite, toute influence dans les provinces. C’est ainsi que la rustrerie paresseuse et lourde de ceux qui restaient, la fatuité et la frivolité de ceux qui étaient partis annulèrent presque, dans beaucoup de provinces, l’influence territoriale de la noblesse.

Au contraire, les gentilshommes des bords de la Loire avaient été civilisés et cultivés avant la cour elle-même ; ils étaient certainement plus raffinés que beaucoup des compagnons de Henri IV. Leurs châteaux étaient contemporains des plus fines parties du Louvre, bien antérieurs au palais de Versailles. Aussi ne se perdirent-ils pas dans la splendeur royale. Ils n’étaient pas, comme les autres hobereaux, des mouches condamnées à danser éternellement dans un rayon du soleil royal ; ils ne dédaignaient pas leur province, car ils y retrouvaient des chefs-d’œuvre, des traditions de vie élégante, de beaux entretiens. Ils s’y sentaient, non en exil, mais dans leur naturelle patrie ; et, en même temps qu’ils fournissaient à la royauté, au seizième et au dix-septième siècle, des diplomates avisés, ils ne dédaignaient pas d’administrer leurs grands domaines, d’entrer parfois, avec une bienveillance quelque peu hautaine mais agissante, dans le détail de la vie des paysans.

Certes, comme je l’ai indiqué l’autre jour, il n’y avait