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HISTOIRE SOCIALISTE

de 1,208 livres. Jourde Étienne, cultivateur à Cabrières, achète en janvier 1791 une terre de 181 livres. Jullian Antoine, ménager à Navacelle, achète en mars 1792 un pré de 170 livres. Larabon Antoine, dit La Volée, au Cailar, achète en l’an II une partie du domaine de la Mourade (troisième lot) pour 5,100 livres.

Lamouroux Jean et Orgeas Joseph, ménagers à Théziers, achètent en décembre 1790 un établissement avec terres pour 15,000 livres. Lamouroux Joseph, ménager à Aramon, achète en avril 1791 une olivette pour 375 livres. Lamoureux Pierre, agriculteur à Beaucaire, achète en l’an II une terre de 4,650 livres et une de 6,800 livres. Laugier Gaspard, ménager à Beaucaire, achète en l’an III une terre de 5,900 livres, une de 1,050 livres, une de 3,700 livres.

Laurent Jacques, ménager à Tresques, achète en mai 1791 trois terres de 6,275 livres. Léger Jacques, ménager à Montfrère, achète en mars 1791 une terre de 540 livres et une vigne de 380 livres. Levat Louis, ménager à Saint-Chaptes, achète en mars 1791 huit terres pour 6.300 livres. Lhermitte Barthélémy, ménager à Villeneuve, achète en février 1791 un enclos de 1,515 livres, en mars une vigne-olivette de 4.050 livres. Liotard Jacques, ménager à la Tourelle, achète le 26 avril 1791 une maison et des terres pour 425 livres. Longuet-Damien, ménager à Vers, achète en décembre 179, 15 articles de biens pour 7,751 livres….

Maraval Jacques et Faucher Pierre, ménagers à Vauvert, achètent en avril 1791 un enclos de 4.800 livres.

J’arrête à regret cette énumération ; car elle seule peut donner l’idée exacte de ce grand mouvement social. Quand on voit tous ces paysans, tous ces cultivateurs, tous ces ménagers, tous ces simples travailleurs du sol acheter de la terre, on se demande avec étonnement comment les paysans du Gard n’ont acquis qu’un sixième des biens nationaux. Mais qu’on remarque que ce sont en général de très petits lots qu’achètent les paysans : et lorsque soudain un riche bourgeois achète un domaine de deux millions, cela emporte des milliers d’achats paysans.

En fait, sauf deux ou trois ménagers ou très hardis ou disposant d’épargnes élevées, les achats des cultivateurs ne portent que sur des pièces de terre de valeur modeste. Mais le nombre de ces acheteurs paysans est très grand.

Il en est qui n’acquièrent qu’une olivette, un coin de vigne : d’autres achètent de petits domaines d’environ cinq mille livres qui suffisaient presque à l’entretien d’une famille de ménagers. Tous, en achetant ainsi, en satisfaisant leur passion de la terre, s’engagent à fond dans la Révolution.

Du recueil de M. Rouvière deux faits intéressants se dégagent. Le premier, c’est que les achats des paysans furent définitifs. C’est à peine si je note trois ou quatre cas de revente immédiate ; les acheteurs ont pu suffire aux