Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/403

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nom « d’école secondaire », ce que nous appellerions aujourd’hui une école primaire supérieure.

Au premier degré, dans l’école primaire proprement dite, où tous passeront, l’enseignement est, non plus comme dans le plan des Constituants, de deux années, mais de quatre années :

« Article 3. — L’enseignement des écoles primaires sera partagé en quatre divisions, que les élèves parcourront successivement. »

Comme ils ne peuvent entrer avant l’âge de six ans, c’est de six ans à dix ans que l’école primaire retient les enfants. Il est vrai que l’obligation scolaire n’est pas inscrite dans la loi. La Révolution avait peur de paraître toucher à la liberté individuelle et de se heurter à la résistance des familles.

Talleyrand avait nettement écarté dans son rapport, toute idée d’obligation légale : « La Nation offre à tous, le grand bienfait de l’instruction, mais elle ne l’impose à personne. Elle sent que chaque famille est aussi une école primaire dont le père est le chef… Elle pense, elle espère que les vrais principes prévaudront insensiblement dans le sein des familles, et en banniront les préjugés de tout genre qui corrompent l’éducation domestique ; elle respectera donc les éternelles convenances de la Nature qui, mettant sous la sauvegarde de la tendresse paternelle le bonheur des enfants, laisse au père le soin de prononcer sur ce qui leur importe davantage… Elle se défendra des erreurs de cette République austère (Sparte) qui se vit ensuite obligée de briser les liens de famille ». Oui, et si la « tendresse paternelle » déshérite l’enfant de toute instruction, de toute lumière ? À quoi servira que la Nation ait mis l’instruction « à la portée de tous », si le père et la mère n’en veulent pas pour leur enfant, s’ils interceptent pour lui la clarté commune ? J’observe que sur la question de l’obligation, Condorcet garde complètement le silence. On dirait qu’il évite ce troublant problème et après le rapport de Talleyrand, ce silence de Condorcet est significatif. Il semble qu’il ne veuille même pas considérer comme possible que la barbarie des familles retranche aux enfants l’instruction préparée pour eux par la Nation, et il répète si fortement qu’elle doit être universelle qu’il espère sans doute que la force des mœurs suppléera en ce point au silence des lois. C’est donc jusqu’à dix ans et non plus seulement jusqu’à huit que tous les enfants resteront dans les écoles primaires. C’est jusqu’à dix ans et non plus jusqu’à huit que Condorcet retarde leur entrée à l’atelier. « Ce terme de quatre ans qui permet une division commode, pour une école où l’on ne peut placer qu’un seul maître, répond aussi assez exactement à l’espace de temps qui, pour les enfants des familles les plus pauvres, s’écoule entre l’époque où ils commencent à être capables d’apprendre et celle où ils peuvent être employés à un travail utile, assujettis à un apprentissage régulier. » En ces quatre ans, « dans les écoles primaires de campagne, on apprendra à lire et à écrire. On y enseignera les règles de l’arithmétique, les premières connaissances morales naturelles et