Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/491

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Le roi pourtant, le 11 juillet, confirmait la décision du Directoire. Mais l’Assemblée, le 13 juillet, sur un rapport de sa Commission des Douze, levait cette suspension, et la popularité du maire de Paris sortait accrue des événements du 20 juin. Surtout, il restait à l’hôtel de ville, il y pourrait encore prêter la main à la Révolution ou du moins fermer savamment les yeux sur ses préparatifs et ses démarches.

À ce même moment, le pouvoir exécutif était en pleine crise et décomposition. Duranthon, garde des sceaux, violenté et effrayé, avait donné sa démission dès le 3 juillet ; il avait été remplacé le 8 par M. Jolly : mais le 10, tous les ministres, Terrier, Scipion Chambonas, Lacoste, Joly, Lajard et Beaulieu, s’imaginant avec une naïve fatuité qu’ils allaient produire grande impression, déclarèrent à l’Assemblée que dans l’état d’universelle anarchie ils ne pouvaient garder la responsabilité des affaires. Ils envoyaient en même temps au roi une lettre de démission collective.

Médaillon de la Commune de Paris
en mémoire de la journée du 10 Août 1792.

(D’après les Procès-verbaux de la Commune de Paris, par M. Maurice Tourneux reproduit avec l’autorisation de l’auteur).


Cette pauvre révolte calculée des commis feuillants laissa l’Assemblée indifférente, mais elle découvrit encore le roi. S’il ne pouvait même plus fournir des ministres pour le fonctionnement de la Constitution, à quoi servait-il ?

Cependant, à mesure que le flot bouillonnait et qu’approchait le dénouement, les partis, comme s’ils redoutaient les conséquences incalculables de la commotion pressentie, hésitaient encore, ajournaient, tâchaient d’amortir. Quand fut lue à l’Assemblée législative, le 12 juillet, l’adresse franchement et brutalement républicaine du Conseil général de la commune de Marseille et de son maire Mouraille, qui déclaraient qu’en laissant subsister la royauté « les constituants n’avaient rien constitué », qui demandaient pourquoi une race privilégiée s’arrogeait le droit de régner sur la France, qui invitaient les législateurs « à extirper la dernière racine » de tyrannie,