Page:Jaurès - Histoire socialiste, II.djvu/531

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prononcera sans doute la déchéance de toute la dynastie. Il faut convoquer une Convention nationale.

Cette adresse portait la signature de commissaires délégués de 47 sections. Qui m’en voudrait, malgré l’apparente monotonie de cette longue liste, de les citer ? Trop souvent, dans les histoires générales de la Révolution, même dans celles qui sont animées de l’esprit démocratique et populaire, la lumière est toute concentrée sur des hommes de premier ordre en qui pourtant ne se concentre pas toute l’action. Louis Blanc, dans l’immense mouvement qui aboutit au 10 août parle à peine des sections, en quelques traits épars et rapides. C’est surtout le Comité central des fédérés qui apparaît à travers son récit, comme l’organe d’action.

Louis Blanc a méconnu le mouvement des sections, beaucoup plus vaste et où il y avait plus de pensée. Michelet, qui a un sens si merveilleux de la vie populaire, des sources profondes d’où jaillissent les grands événements, a mieux vu et mieux marqué que Louis Blanc l’activité des sections, mais il les laisse pourtant en une sorte de pénombre. Il s’apprête, contre la Commune insurrectionnelle qui au mois d’août sera maîtresse de Paris, à une si cruelle sévérité, il est si injuste pour Chaumette, qu’il semble faire porter un peu aux sections, par une réserve défiante, la responsabilité des actes de la Commune révolutionnaire, dont l’assemblée des sections est le germe.

C’est donc un devoir de justice et de réparation, surtout pour tout historien socialiste, de restituer autant qu’il le peut à la clarté de la grande histoire ces hommes dont l’intrépidité obscure sauva la patrie. Ce n’est qu’à voir défiler au bas de documents décisifs ces signatures presque toutes inconnues qu’on a la sensation exacte de la vaste collaboration populaire aux grands événements. Tous ces hommes prenaient des responsabilités héroïques, et demain, quand nous jugerons leurs actes et ceux de leurs camarades dans la Commune parisienne, comment oublier qu’ils venaient de risquer leur liberté, leur vie, et que l’excitation du combat et du péril était en eux ?

Ont signé en qualité de commissaires : Demarcenay, secrétaire ; Collot d’Herbois, commissaire de la section de la Bibliothèque ; Joly, commissaire de la section des Lombards ; Xavier Audouin, section Fontaine de Grenelle ; Collin, section Palais-Royal ; Pépin Degrouhette, section faubourg Montmartre ; Gobert, section des Innocents ; Pifinet, Munichal, Pagnies, section Grange-Batelière ; Cohendet, faubourg Montmartre Tircourt, id. ; Restout, Tuileries ; Truchon, Gravilliers ; Chèpre, Louvre ; Bouin, Marché des Innocents ; Real, Halle au Blé ; Chevalier, du Roule ; Donnay, id. ; Nevèze, Comité de Bonne-Nouvelle ; Dupont, faubourg Saint-Denis ; Tiérar, id. ; Maise, section des Arcis ; Tissot, Mauconseil ; Colman, Croix-Rouge ; Lebois, Théâtre Français ; Fabre d’Églantine, Théâtre Français ; J.-N. Pache, section du Luxembourg ; Théophile Mandar, Dennegeaux, Hôtel de Ville ; d’Effault,