Page:Jaurès - Histoire socialiste, III.djvu/266

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à 1.200 millions, à 1.400, à 1.600, et enfin la loi du 31 juillet 1792 avait porté la limite d’émission à 2 milliards. Mais cette limite était atteinte.

« Le 5 octobre courant, dit Cambon dans son rapport du 17, les assignats qui avaient été mis en émission montaient à 2.589.000.000 livres. Les brûlements, à cette époque, montaient à 617.000.000 livres ; de sorte que la circulation des assignats s’élevant à 1.972.000.000 livres, la caisse de l’extraordinaire ne pouvait mettre en émission que 28 millions, à moins de nouveaux brûlements. Le payement des biens nationaux ne produisant que 3 ou 4 millions par semaine, en assignats qui sont de suite annulés et brûlés, et les dépenses de la caisse extraordinaire se montant à environ 100 ou 120 millions par mois, il est nécessaire que vous décrétiez une augmentation dans la somme des assignats à mettre en circulation. »

C’est une émission nouvelle de 400 millions d’assignats que proposait le Comité des finances. C’est donc à 2 milliards 400 millions qu’allait être portée la faculté d’émission, et presque tout de suite la circulation réelle des assignats. Mais le gage réel, le gage territorial offert par la Révolution aux porteurs d’assignats suffirait-il à garantir une circulation aussi étendue et qui était déjà le triple de celle qu’avait prévue au début l’Assemblée constituante ? Cambon l’affirma, et sa démonstration très précise et très forte eût été pleinement rassurante si l’on avait pu prévoir avec certitude la fin prochaine des dépenses de guerre. Il est certain qu’en octobre 1792 la Révolution est encore financièrement en équilibre : les ressources qu’elle peut réaliser sont supérieures au chiffre énorme d’assignats qui est déjà émis ou qui va l’être ; mais cet équilibre est manifestement à la merci des événements de guerre.

« Le Corps législatif, dit Cambon, a toujours été très attentif, en décrétant de nouvelles créations d’assignats, à indiquer les biens qui leur serviraient de gage, et d’en décréter la vente.

« C’est dans cette vue qu’il se fit rendre un compte très détaillé, dans le mois d’avril dernier, des besoins et des ressources de la nation, du montant des biens nationaux vendus et mis en vente, et de celui des assignats déjà créés.

« Il résulte de ce compte, dont les bases ont été décrétées après une discussion de plusieurs jours, que les biens dont la vente était consommée à la date du 1er novembre 1791, et l’estimation du produit de ceux qui étaient en vente, mais non vendus à cette époque, se montaient à deux milliards quatre cent quarante-cinq millions.

« Depuis cette époque, l’intérêt dû ou payé par les acquéreurs des biens nationaux vendus, et le produit des fruits et revenus de ceux qui sont en vente peuvent être estimés à cinquante millions…

« Depuis le mois d’avril, le Corps législatif a décrété la vente de plusieurs objets, savoir :

« Les palais épiscopaux, qu’il a estimé devoir produire 15 millions ;