Page:Jaurès - Histoire socialiste, III.djvu/483

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Il disait à la jeunesse d’Iéna de grandes et calmes paroles :

« En analysant le délicat mécanisme par lequel, sans bruit, la main de la nature, depuis le commencement du monde, développe, d’après un plan régulier, les facultés de l’homme, et en indiquant exactement ce qui a été fait, à chaque époque, pour l’accomplissement de ce grand plan de la nature, l’histoire universelle rétablit la vraie notion du bonheur et du mérite que l’erreur dominante de chaque siècle a diversement faussée. Elle nous guérit de l’admiration exagérée de l’antiquité et du puéril respect des temps passés… C’est à amener notre siècle humain qu’ont travaillé, sans le savoir et sans y tendre, toutes les époques précédentes. À nous sont tous les trésors que l’industrie et le génie, la raison et l’expérience ont fini par amasser dans la longue vie au monde. »

La jolie Sans-Culotte armée en guerre
(D’après une estampe de la Bibliothèque Nationale.)


Si les jeunes étudiants d’Iéna avaient été, comme les étudiants de Rennes, les fils de bourgeois audacieux et ambitieux, arrivés à une haute conscience de classe, ils n’auraient pas souffert que leur maître illustre déroulât devant eux l’évolution silencieuse et illimitée et ne les conviât pas à l’action précise et retentissante. — Quoi ! nous nous bornons à faire l’inventaire des trésors humains accumulés par le passé, et nous ne nous levons pas pour accroître