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ligne, malgré la désertion, l’émigration ou la démission d’un grand nombre d’officiers aristocrates. Cela tenait à ce que le recrutement des soldats des troupes de ligne était arrêté depuis que la Révolution avait aboli la milice et constitué son armée par des appels de volontaires.

Les officiers et bas officiers restants auraient pu encadrer une armée plus nombreuse. Au contraire, les volontaires ne savaient parfois où trouver, parmi eux, des officiers capables de les commander. Enfin, l’esprit de tous les soldats, à quelque élément qu’ils appartinssent, était excellent. Les volontaires, peu habitués à une discipline exacte, étaient capables pourtant de se l’imposer à eux-mêmes, en face du danger et sous l’inspiration de chefs en qui ils avaient confiance ; et les soldats de ligne, plongés depuis des années dans la vie ardente de la Révolution, soutenus et encouragés par elle dès le début contre les officiers nobles et factieux, avaient au cœur l’amour de la liberté et le respect de la loi.

À Jemmapes comme à Valmy, il y avait eu une admirable coordination des efforts, une fusion complète des volontés et des courages. Pourtant, il n’était pas bon qu’un chef intrigant et habile pût jouer, en quelque sorte, de la diversité des éléments qu’il avait en main, inoculer peu à peu aux soldats de ligne un esprit de corps, et faire d’eux les clients du chef plutôt que les serviteurs de la patrie.

C’est pour toutes ces raisons que Dubois-Crancé et le Comité militaire proposèrent, dans la séance du 7 février, ce qu’on appelle l’amalgame. Dans leur système, l’unité de régime devait être réalisée : deux bataillons de volontaires et un bataillon de ligne seraient groupés en une demi-brigade. L’uniforme, la solde, la discipline seraient les mêmes. Le mode de nomination des officiers serait le même. Le principe général était celui-ci : Dans tous les grades, sauf celui de chef de brigade et de caporal, l’avancement devait avoir lieu de deux manières, savoir : le tiers par ancienneté de grade roulant sur toute la demi-brigade, et les deux tiers au choix. Le choix devait être fait par chaque bataillon intéressé. Mais le bataillon pouvait désigner les candidats sur toute la demi-brigade. Ils devaient être pris dans le grade immédiatement au-dessous de celui qui devait être pourvu.

« Les électeurs seront, dans le bataillon où l’emploi sera à nommer, tous les membres subordonnés au grade qui sera vacant ; l’appel sera fuit en présence du commandant par le sergent-major de chaque compagnie, et ils nommeront à haute voix par appel nominal de chaque compagnie. L’élection sera faite par les individus présents au drapeau ; ceux qui seront de service pourront envoyer leur élection signée d’eux ou de deux témoins. »

Les électeurs doivent, pour chaque grade, proposer trois candidats ; et le choix entre ces candidats est fait par les individus de grade égal à celui qui est vacant et de même bataillon.

Voici, par exemple, la première demi-brigade d’infanterie : elle est for-