Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

droit qui lui appartient de nommer les représentants et les magistrats. Vous avez donné aux bataillons des gardes nationaux la faculté de nommer leurs officiers ; des militaires ont cru voir des inconvénients dans cette méthode, mais le principe n’en est pas moins bon. C’est aussi une élection que je vous propose. Elle n’aura pas le désavantage de celles des bataillons de volontaires ; elle ne sera pas faite par les équipages des vaisseaux que ces officiers devront commander, mais par les assemblées des marins de chaque département des classes réunis dans le chef-lieu de la classe. Ces assemblées n’auront que le droit de désigner le nombre des sujets qui leur seront demandés ; et le ministre de la marine décidera s’ils remplissent les conditions prescrites par la loi, et ne pourra leur délivrer de brevet qu’autant que ces conditions seront remplies. »

C’est le 24 février que la Convention adopta le projet de Dubois-Crancé sur l’amalgame et sur le mode de promotion. Les dispositions de la loi nouvelle vont se heurter, naturellement, pendant des mois encore, à bien des difficultés et à bien des résistances. Il n’est pas aisé de transformer en pleine guerre l’organisation d’armées immenses dispersées sur toutes les frontières, tiraillées entre la guerre extérieure et la guerre civile, et formées de recrues pour lesquelles il était difficile de trouver immédiatement les cadres nécessaires. Pendant sept ou huit mois il y aura du flottement.

Dans la grande et admirable instruction adressée en mai 1793 par le Comité de salut public aux représentants de la Convention en mission dans les départements, on voit tout ensemble la préoccupation du Comité d’organiser l’armée selon la loi du 24 février et les difficultés auxquelles il se heurte :

« Les armées se recrutent, elles seront bientôt au grand complet de guerre. Le citoyen Beurnonville a publié, lorsqu’il était ministre de la guerre, une instruction relativement au recrutement des quatre armées, à l’exécution de la loi du 24 février, et au renouvellement des volontaires destinés à compléter chaque armée. C’est dans les lieux de rassemblement indiqué par cette instruction que chaque armée doit trouver son complément. On ne peut trop accélérer l’incorporation des volontaires. Il faut s’empresser de compléter les cadres des armées.

« Il est nécessaire de faire disparaître les inconvénients trop sensibles d’une distribution inégale des forces des armées, de la difficulté de compléter tous les cadres dans quelques-unes et de l’insuffisance des cadres dans quelques autres. Le Comité de salut public a pensé que, dans les armées du Nord et de l’Est, où se trouvent presque tous les cadres des armées, il convient de porter au plus grand complet le plus grand nombre de cadres que l’on pourra remplir.

« On pourvoira au complément des autres cadres, en les faisant passer dans les autres armées, ou en leur faisant passer les volontaires réunis dans les autres lieux de rassemblement. Ce mouvement sera déterminé par les cir-