Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/225

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mais la Convention s’est contentée d’ordonner l’impression du rapport, et l’envoi de trois commissaires à Lyon.

« Il est facile de reconnaître aux trois noms qui ont été choisis l’esprit de parti qui anime maintenant le bureau : ce sont Rovère, Legendre et Basire. Avec cette partialité, on éternise les troubles, car on excite les passions au lieu de les calmer. »

La Chronique de Paris se borne à insérer, dans son numéro du 27 février, une lettre de Lyon qui gémit sur les fautes des deux partis. Elle glorifie Nivière-Chol qui fut « seul élu à la satisfaction et par le vœu libre de tous les citoyens. » Elle dénonce les exaltations de Chalier, les « motions virulentes et infamantes », les visites domiciliaires ; mais elle déplore que la foule se soit laissée entraîner par représailles à des violences contre le Club central, contre la statue de Jean-Jacques.

Chalier
Procureur de la Commune de Lyon.
(D’après une estampe du Musée Carnavalet.)


Et elle finit par un aveu de découragement et d’impuissance.

« Quel sera le terme de tous ces maux ? Quel en sera le remède ? Je l’ignore. Je vois les esprits s’échauffer…, les partis se menacent, se mesurent ; on s’espionne, on se craint, on se fuit. Vous voyez les torts de l’un et de l’autre parti. Je n’ai pas voulu les pallier et je veux encore moins les justifier. Je me contente de gémir sur tant de désordre et d’en maudire les auteurs. »

Ces faux sages, en effet, se bornaient à gémir, quand il eût fallu agir, sauver malgré tout la Révolution.