Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/228

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bole, le 25 février au soir, contre les riches, sont couvertes de murmures.

« L’homme qui a trois cent mille livres de rente doit être réduit à dix mille livres ; ce revenu sera très suffisant, et il aura l’avantage de contribuer au bonheur public. (Applaudissements.) Il faut intéresser au succès de la guerre ces membres pétris d’égoïsme, qui affichent ici un luxe insolent, qui promènent leur fastueuse indolence dans des chars élégants. (Applaudissements. Grand tumulte.) Après l’affermissement de la République, on rétablira les riches dans l’intégralité de leur fortune… Les riches augmentent par leur luxe le prix des fermages : le luxe est toujours au détriment du peuple. (Murmures.)

Et Bentabole irrité ajoute : « Je ne parle pas aux riches, je parle aux Jacobins. » Mais les Jacobins trouvaient qu’au moment où le peuple pillait les boutiques, ces véhémentes attaques à la richesse et au luxe étaient au moins une imprudence.

À la Convention, le 26 février, Cambon s’effraie des suites que peut avoir pour le crédit des assignats et pour la vente des biens nationaux le mouvement naissant contre la propriété.

« Les comptes que nous nous sommes fait rendre, dit-il, nous ont prouvé que les agitations, les attaques perpétuelles qu’on veut porter à vos propriétés arrêtent totalement vos ventes. — (Un grand nombre de membres : C’est vrai !) — Avant que ce système destructeur ait été mis en pratique, les brûlements des assignats se portaient à 8, 9, 10 et 11 millions par semaine ; aujourd’hui, nous avons la douleur de voir arrêter les recettes, et nous ne brûlons plus qu’un million d’assignats par semaine. D’où vient cette différence ? Nous ne l’avons trouvée que dans la crainte, dans la défiance des propriétaires de ces biens. Dès lors, on ne paye plus, et votre assignat reste éternellement en circulation. C’est là la vraie cause du renchérissement des denrées.

«… Les propriétés sont constamment menacées, les systèmes que l’on veut établir détruisent la confiance. Les citoyens sur les frontières versent leur sang pour vous. Vous leur donnez des propriétés ; si on les attaque, ces propriétés, vous leur avez fait une promesse illusoire. Ce n’est pas la peine de les envoyer défendre la liberté, dans l’espoir de devenir un jour propriétaires, si dans le même moment, des hommes coupables attaquent cette même récompense que vous leur avez promise, s’ils la rendent nulle. Il vaut mieux leur dire : Bats-toi et tu n’auras rien, ou bien : Ta propriété ne sera pas sacrée : elle ne t’appartiendra pas.

« Confiance, confiance, voilà donc la base des finances, car sans elle un système de finances établi d’après les assignats ne peut pas résister. Sûreté pour les personnes, sûreté pour les propriétés, et je réponds du salut de la République. Il serait peut-être important que l’Assemblée fit une loi de ri-