Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/390

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pesantis encore de bien des préjugés, c’était d’exciter le zèle et l’initiative de tous en mettant à la portée de tous des instruments d’action. C’est ainsi que, pour Paris notamment, la loi municipale du 21 mai 1790 avait institué, en chaque section, un comité civil nommé par elle, et qui était comme un intermédiaire entre la section et la municipalité. Il avait des attributions multiples et une action efficace. Les douze membres qui le composaient avaient, réunis en comité, des pouvoirs de police. Ils secondaient, ils surveillaient les commissaires de police élus par la section. Ils informaient le Conseil général de la Commune, le maire, le procureur-syndic de tout ce qui pouvait intéresser la marche de la Révolution, des germes de conspiration entrevus, des difficultés relatives aux subsistances.

C’était une institution tout à fait régulière et d’un fonctionnement vigoureux. Le comité devait se réunir au moins tous les huit jours, et dans les périodes de crise il se réunissait tous les jours. Il avait des registres de procès-verbaux tenus par le secrétaire-greffier du commissaire de police. Et chaque membre du Comité à tour de rôle se tenait à la disposition des citoyens pour tous renseignements et démarches nécessaires. Ce sont les comités civils qui font la répartition des premiers assignats, pour en prévenir l’accaparement. Ce sont eux qui délivrent des certificats de résidence. Ce sont eux qui, sur l’ordre de la Commune, apposent où lèvent des scellés, opèrent des saisies et recensent la population. (Voir Mellié.)

Un moment suspendus par la révolution du Dix-Août, ils sont reconstitués par une décision de la Commune révolutionnaire, et ils en reçoivent des attributions plus étendues et un élan nouveau. Mais la Révolution ne tarda pas à craindre qu’ils ne fussent trop absorbés par leurs diverses fonctions administratives, par l’inspection de la voierie, par le contrôle ou l’organisation des ateliers publics de bienfaisance, par la vulgaire police des rues, etc., etc., pour pouvoir surveiller avec une activité suffisante tous les suspects, tous les royalistes déguisés, tous les émigrés de retour, tous les nobles qui de leurs châteaux de l’Ouest affluaient à Paris, dans l’été de 1792, afin de prêter main forte au roi. Pétion, dès le mois de juillet, demandait l’institution d’un Comité de surveillance chargé de rechercher tous les délits relatifs à la sûreté intérieure et extérieure de l’État. Et quand la Législative, après le Dix- Août, eut brisé tous les juges de paix qui avaient été envahis de l’esprit feuillant, quand elle eut résolu de transférer aux départements et aux municipalités les fonctions de sûreté générale, un Comité de surveillance fut constitué pour tout Paris.

Mais comment ce Comité aurait-il pu fonctionner s’il n’avait été secondé par des comités de section, plus capables de suivre, dans une fraction déterminée de la grande ville, le mouvement, les intrigues, presque les pensées des individus ? De là ces comités de section qui, au lendemain du Dix-Août, se forment presque spontanément un peu partout, tantôt de 14, tantôt de 12