Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/402

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fluence des idées économiques de Garin. Si donc, le 18 avril, le Conseil général de la Commune s’était associé à la démarche du département, c’était sans conviction bien ardente, et sans doute sous la poussée de quelques sections.

Dans la séance du 17 avril, quand des délégués des sections viennent proposer une fête civique au champ de la Fédération, les tribunes crient : « À bas la fête ! il nous faut du pain. » Le Conseil général n’osa pas aller contre ces sommations et il se donna l’air de faire quelque chose. Mais sa politique économique était autre. Au fond, avec les larges subventions qu’il avait reçues de la Convention et qui lui permettaient de maintenir le pain à 3 sous la livre, Paris n’avait aucun intérêt à la taxation des grains. Il pouvait même craindre que cette taxation fournît un prétexte décisif de ne plus continuer les subventions nationales à la Commune de Paris. Et suffirait-il de taxer le grain pour maintenir le pain à 3 sous la livre ? C’était fort douteux ; le Girondin Ducos, dans la séance du 18 a la Convention, apprenait aux pétitionnaires que le pain se vendait à Bordeaux sept sous la livre, au prix du commerce. Le maximum du prix des grains permettrait-il de réduire de moitié le prix du pain ? Ce n’était pas probable. Aussi, ce sont plutôt les communes voisines de Paris que la Commune de Paris même, qui décidèrent sans doute le département à demander la taxation des grains.

Ce n’est pas là le point vif de l’agitation de la Commune parisienne. Et lorsque les femmes de Versailles, au commencement de mars, viennent à Paris pour peser sur la Convention et obtenir d’elle le vote du maximum, la Commune de Paris, tout en leur ménageant un fraternel accueil, semble surtout préoccupée de les surveiller, de les mettre en garde contre toute démarche téméraire.

(Séance du 1er mai). « Le citoyen maire annonce que les citoyens de Versailles se disposent à passer la nuit dans la salle de la Convention en attendant que ses membres se réunissent. Le Conseil invite le citoyen maire à aller leur représenter que la salle de la Convention est une propriété nationale qui doit être respectée, et nomme des commissaires pour l’accompagner. »

Chaumette était plus préoccupé d’organiser ce qu’on pourrait appeler dans notre langage présent « l’assistance et l’assurance sociales » que de réglementer le cours des denrées, et c’est dans ce sens qu’il orientait la Commune. Elle décide à sa demande, le 4 mai, « qu’il sera fait une pétition à la Convention pour lui demander la prompte organisation de l’instruction publique, des établissements pour les pauvres valides et infirmes, enfin qu’elle charge les comités d’agriculture et de commerce de leur faire à une époque fixe un rapport sur les moyens les plus prompts et les plus sûrs, non pas de soulager les misérables, mais d’extirper la misère en procurant à la jeunesse une ressource pour la vieillesse, et à ceux qui n’ont que des bras, du cou-