Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/416

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semblera que deux fois par semaine, et le même délégué ne pourra y être admis plus de deux fois de suite. Les frais en seront supportés par la Commune. On demandera au Comité de sûreté générale si les membres des comités recevront une indemnité. Ils seront munis de pouvoirs uniformes et imprimés, visés par le Comité de sûreté générale, et s’appelleront commissaires révolutionnaires. »

(Mellié, d’après les procès-verbaux du Comité révolutionnaire de la section des Piques).

Cette sorte de comité central officiel ne fonctionna guère. D’abord, il se peut que la création du grand Comité de salut public, décrété par la Convention le 6 avril, ait réduit, un moment, l’importance du Comité de sûreté générale et mis un terme à cette sorte de prise de possession des pouvoirs révolutionnaires de Paris à laquelle il procédait. Surtout, les délégués des sections ne voulaient pas d’un comité central soumis à la tutelle de la Convention. Ils commençaient à se réunir à une des sections les plus agissantes, celle du Contrat social. Ils s’y rencontraient une fois par semaine, et le 27 avril, ils s’adressaient au Comité de salut public de la Convention pour lui demander des indemnités pour les membres des comités révolutionnaires de Paris, composés en grande partie d’ouvriers. Pendant que s’ébauchait, tantôt avec le concours et sous le contrôle de la Convention, tantôt par l’action spontanée et indépendante des sections, le Comité central révolutionnaire, la Commune essayait, elle aussi, d’organiser un vaste groupement des forces démocratiques et populaires.

Dans la séance du 4 mai, Chaumette, en un grand réquisitoire, demande :

« Que le Conseil général de la Commune arrête que, jusqu’à ce que les dangers de la patrie soient passés, tous les corps administratifs, toutes les autorités constituées de Paris, le département, la Commune, les présidents des sections, ceux des comités révolutionnaires et des comités civils soient invités à se réunir en présence des citoyens, deux fois par semaine, les jeudi et dimanche matin, dans un lieu assez vaste pour y délibérer sur les mesures à prendre en commun pour le maintien de l’ordre, le salut de la République et le bonheur des citoyens. »

C’était compliqué, théâtral et vaste comme tout ce que créait l’imagination excitée de Chaumette. Et ce n’était guère pratique. Car les résolutions fermes et nettes supposent des délibérations plus concentrées. Mais c’est encore un indice de l’universel effort de groupement qui travaillait les sections parisiennes.

Les flammes de Révolution disséminées en 48 foyers tourbillonnaient et se mêlaient sous le vent d’orage tous les jours plus violent. Aux grands projets un peu vains de Chaumette les délégués des Comités de surveillance répondirent par une organisation plus limitée et plus efficace : puisque l’énergie révolutionnaire de Paris était distribuée dans les sections, puis-