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nisée, capable de plus d’unité que les sections, de plus de vigueur que la Commune.

C’est aux environs du 12 ou du 13 mai que les réunions de l’Évêché commencèrent à devenir animées, à éveiller l’inquiétude de ceux qui redoutaient des commotions nouvelles. Barère dit à la Convention, dans son discours du 18 mai, qu’on lui a dénoncé, il y a six jours, un rassemblement de 80 électeurs délibérant dans une des salles de l’Évéché, « sur les moyens de purger la Convention ». Cela reporte à peu près au 12. Terrasson écrit à son ministre le 13 mai (ses rapports, calculés pour troubler le moins possible l’optimisme systématique de Garat, sont toujours plus rassurants que ceux de son collègue Dutard) :

« Les groupes diminuent et sont plus tranquilles ; cependant les agitateurs redoublent de fureur ; les sections sont travaillées par les riches et redeviennent apathiques. Néanmoins leurs commissaires à l’archevêché s’occupent sérieusement de la chose publique et doivent prendre des mesures de sûreté générale ; ils paraissent déterminés à presser la Convention de se déclarer pour l’unité de la République et pour l’arrestation des personnes suspectes. »

Ce que Terrasson dit là, en termes discrets, c’est bien ce que dit à son tour Barère, c’est de l’élimination violente qu’il s’agit. Dutard écrit à Garat, le 14 mai :

« La faction s’entend beaucoup en révolution et se concerte beaucoup mieux que la Convention… La faction vient de former un comité central des commissaires des 48 sections qui doivent se tenir à l’Évêché. »

Au début, au commencement d’avril, c’était « une assemblée centrale de salut public ». Il a fallu renoncer à ce nom parce que la Convention avait créé, le 6 avril, son Comité de salut public et qu’il eût été imprudent de paraître la délier par l’usurpation révolutionnaire du mot. D’ailleurs les organisateurs des réunions de l’Évêché avaient tout intérêt à paraître faire suite à l’action du Comité central révolutionnaire d’avril et des premiers jours de mai. Ils le continuaient en l’agrandissant, en l’enhardissant.

La Commune ne pouvait s’associer ouvertement aux projets d’agression préparés dans les réunions de l’Évêché contre une partie de la Convention. Et sans doute, tant que Robespierre et Marat ne s’étaient pas prononcés, elle hésitait encore. Mais elle ne négligeait aucune des occasions que lui offrait l’exercice de son pouvoir légal pour entrer en communication avec toutes les forces vives, avec tous les groupements agissants de Paris. C’est ainsi que le 16 mai, alors que les réunions du Comité central se tenaient depuis quelques jours à l’Évêché, la Commune convoque les sections en ce même local de l’Évêché, à la salle des électeurs.

« Le Conseil général arrête : Les sections seront invitées à nommer cha-