Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/515

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Jean-Jacques. Hébert la pose sur la tête de Rousseau, en disant que l’on ne doit aux hommes vivants que de l’encouragement et que les couronnes ne doivent être décernées qu’après la mort.

« Une citoyenne des tribunes apporte une autre couronne, elle est posée sur la tête de Brutus. »

Pendant que la Commune couronnait et Jean-Jacques et Brutus, les révolutionnaires les plus agissants des sections comprenaient que l’heure de la lutte suprême était venue. Déjà, dans la journée du 28, les bataillons des sections modérées s’étaient mobilisés, et avaient promis leur concours à la Convention, c’est-à-dire à la Gironde.

Était-ce simplement par des paroles, ou même par la vigoureuse résistance montagnarde à l’intérieur de la Convention, que ce retour offensif du modérantisme pourrait être brisé ? Donnerait-on à la Commission des Douze le temps de se remettre de la chaude alerte du 27 et de préparer sa vengeance ? La section de la Cité, celle qui avait résisté à l’ordre de la Convention de livrer les procès-verbaux et dont le président Dobsent avait été arrêté, lança des convocations à toutes les sections pour le lendemain 29, afin d’organiser l’action insurrectionnelle.

Cependant à la Convention, dans cette même journée du 29, le Comité de salut public, sous l’inspiration de Barère et de Danton, faisait une suprême tentative de conciliation et de temporisation.

Déjà la veille, comme s’il voulait atténuer les funestes déchirements qui allaient s’étendre à toute la France, il avait adressé, par la main de Robert Lindet, une circulaire d’apaisement et de sagesse aux représentants en mission :

« Nous ne devons pas ressembler aux généraux et aux ministres de la monarchie qui, dans les revers, s’imputent réciproquement les fautes des particuliers et les malheurs communs…

« … C’est dans les grandes circonstances, citoyens, que nous devons nous tenir unis et serrés. Que les événements n’altèrent jamais notre union. »

Barère qui avait cru apaiser ou ajourner les difficultés en proposant la Commission des Douze, et dont l’invention avait mal tourné, lut un large rapport, très équilibré et tout à fait vain, où il faisait la part de chaque faction, mesurant les services et les fautes de l’une et de l’autre, les invitant à la mutuelle tolérance et à la concorde. À quoi bon, quand la guerre tonnait de toute part ?

Danton qui, la veille, avait éclaté en paroles de colère contre le retour offensif de la Gironde rétablissant la Commission des Douze, Danton qui s’était écrié : « Si la Commission conserve le pouvoir tyrannique qu’elle a exercé et qu’elle voulait, je le sais, étendre sur les membres de cette assemblée, alors, après avoir prouvé que nous surpassons nos ennemis en prudence, en