Aller au contenu

Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/880

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la Commune de toute action centrale révolutionnaire, la loi du 10 octobre qui déclare le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix et consolide ainsi le Comité de Salut public, contre ceux qui le minaient sous prétexte de hâter l’application de la Constitution, enfin et surtout la loi du 4 décembre qui assure la primauté du Comité de Salut public, qui fait de lui la force exécutive dominante et dirigeante, le centre de toute correspondance et de toute action. Ce décret remplace les procureurs syndics de districts, les procureurs de communes et leurs substituts par des « agents nationaux » ; il décide que les procureurs et substituts en fonctions garderont leur mandat, sous le nom d’agents nationaux, sauf « ceux qui sont dans le cas d’être destitués ».

C’est une épuration du personnel administratif révolutionnaire. Et comme c’est la Convention qui est instituée juge en dernier ressort du maintien ou de la révocation, c’est la centralisation du pouvoir révolutionnaire. Les agents nationaux devront correspondre tous les dix jours avec le Comité de Salut public et le Comité de Sûreté générale qui tiennent ainsi en mains tous les ressorts. Les conseils généraux, les présidents et les procureurs généraux syndics des départements sont supprimés ; la présidence du directoire du département sera exercée alternativement et pendant un mois seulement par chacun des membres du directoire. De là, accroissement énorme de la puissance des représentants en mission, auxquels faisait souvent échec le procureur général syndic du département, dont Baudot, en juillet, avait violemment dénoncé aux Jacobins la fastueuse puissance. De là, par conséquent, accroissement d’autorité de la Convention et du Comité de Salut public de qui les représentants relevaient. De plus, les présidents et les secrétaires des comités révolutionnaires doivent être renouvelés tous les quinze jours et ne peuvent être réélus qu’après un mois d’intervalle. Donc, pas d’autre autorité révolutionnaire stable que celle du Comité de Salut public, indéfiniment renouvelable.

Enfin, la loi décide qu’« aucun citoyen déjà employé au service de la République ne pourra exercer ni concourir à l’exercice d’une autorité chargée de la surveillance médiate ou immédiate de ses fonctions ».

C’était un coup très rude à tous ces employés hébertistes du ministère de la Guerre qui avaient encombré en même temps les Comités de surveillance. Le pouvoir de la Commune et de l’hébertisme était donc investi et resserré de tous les côtés, et ces lois, le Comité de Salut public les applique avec une vigueur inflexible et avec la force morale croissante que lui donnent ses victoires au dedans et au dehors.

En même temps, Robespierre, toujours présent sur le champ de bataille des Jacobins, défend les révolutionnaires que l’hébertisme menace. Il défend Barère, il défend surtout Danton, dans la séance vraiment tragique et belle du 3 décembre. De retour d’Arcis-sur-Aube où il avait passé un mois, soit qu’il fût malade ou fatigué, soit qu’il eût déjà le dégoût des hommes et le