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Page:Jaurès - Histoire socialiste, IV.djvu/939

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sus, conformément à l’arrêté du 11 Prairial, et la première qui se paie en nature sera acquittée comme par le passé, sans augmentation.

« Les citoyens employés aux travaux de la récolte qui préféreront d’être payés en assignats au lieu de l’être en nature seront payés en assignats. Le paiement en nature ne pourra être exigé que dans les lieux où cet usage a été constamment observé.

« Signé : Robert Lindet, Carnot, Barère, Prieur, d’Herbois, Couthon, Robespierre, Billaud-Varennes. »

Oui, mais c’était retirer aux Ouvriers ruraux payés en nature le bénéfice de cette prime d’un sixième que j’ai tenté de dégager et à laquelle pouvaient prétendre les ouvriers payés en assignats, c’était donc dans l’intérêt des propriétaires et fermiers une restriction à l’avantage concédé à la classe ouvrière. Il est vrai qu’en plusieurs points les propriétaires cultivateurs et les fermiers se plaignaient que le juste équilibre de la loi du maximum fût rompu à leur détriment. Ils prétendaient, par exemple, que dans beaucoup de districts, où dominaient les influences de la bourgeoisie industrielle, les prix des objets fabriqués avaient été forcés au delà des limites marquées par la loi. Ils observaient que les salaires auraient dû être élevés de moitié par rapport à 1790, et ils disaient (ce qui n’était pas vrai de la plupart des régions, mais de quelques-unes) qu’au contraire le prix des grains était moindre qu’en 1790.

Visiblement, le Comité de Salut public, après avoir donné satisfaction aux pétitionnaires parisiens, cherche à amoindrir le plus possible l’impopularité du maximum, chez les classes rurales possédantes. Mais l’élan des prolétaires, ruraux et industriels, était si grand par l’effet du mouvement révolutionnaire qu’en bien des points les salaires furent ou maintenus ou portés, en cette année 1794, au delà des limites que la loi du maximum avait marquées. On peut voir, par exemple, aux Archives de Paris, à quels hauts tarifs s’élevèrent, dans l’été et l’automne de 1794, les salaires des journaliers de l’ancienne province de Bourgogne. L’été splendide et chaud avait mûri les grains de très bonne heure. Et le battage en grange avait commencé quand vint le moment des vendanges. De là une hausse énorme des salaires des prolétaires dont on se disputait les bras. Je crois cependant d’une façon générale que la période du maximum, toute compensation faite des gains et des pertes, marque pour l’ensemble des prolétaires plutôt une ère de sécurité qu’un accroissement net de la puissance d’achat des salaires.

La loi du maximum, en même temps qu’elle restituait le crédit de l’assignat et servait par là merveilleusement le gouvernement révolutionnaire, l’État acheteur, a prévenu les paniques et empêché l’extrême tension des rapports économiques d’aboutir çà et là à de violentes ruptures d’équilibre.