Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

respondance politique et militaire du roi Joseph, t. Ier, p. 170, 186-187, 188). « Il faut, écrivait-il le 3 messidor an IV (21 juin 1796) au Directoire, partout se trouver en force. Il faut donc une unité de pensée, militaire, diplomatique et financière » (Correspondance de Napoléon Ier, t. Ier, p. 519) ; il avait raison. Mais cette unité nécessaire, c’est le pouvoir central, c’est le gouvernement qui doit l’assurer ; un commandant d’armée n’a qu’à s’occuper le mieux possible de ses opérations militaires.

En Lombardie, il fit organiser des municipalités provisoires ; seul, le Congrès d’État réduit de treize membres à quatre fut conservé, seulement il ne pouvait rien faire sans l’approbation, dans les premiers temps, de trois agents militaires, puis du général commandant la Lombardie ; en fait, c’était Bonaparte qui exerçait la souveraineté. Tout en renversant l’ancien régime, il allait chercher à gagner les bonnes grâces de ceux qui étaient le plus atteints par les nouvelles institutions, des nobles et des prêtres. Si lourdes fussent-elles, d’une façon plus ou moins générale, contributions, réquisitions et réformes n’étaient rien à côté des extorsions et des excès de toute nature auxquels se livraient les vainqueurs. Aussi, à peine avait-il quitté Milan (4 prairial-23 mai) pour reprendre l’offensive contre les Autrichiens, qu’une révolte éclatait derrière lui. Prévenu de ce fait, il revenait sur ses pas et la réprimait impitoyablement à Milan, à Pavie ; devaient être réprimées de la même manière d’autres tentatives de révolte également dues aux spoliations et aux abus de toute sorte.

En se retirant entre Trente et Roveredo, Beaulieu avait jeté une forte garnison dans Mantoue. Le 22 floréal (11 mai), malgré la neutralité de Venise, Bonaparte avait fait occuper Crema qui cependant, la veille, avait fermé ses portes à Beaulieu ; le 6 prairial (25 mai), il faisait occuper Brescia autre ville vénitienne ; le passage du Mincio était forcé à Borghetto, au sud du lac de Garde, le 11 (30 mai), et l’armée autrichienne repassait l’Adige en rompant les ponts. Quoique ce fût encore une ville vénitienne et sous le prétexte — il oubliait qu’il avait pris l’initiative à Crema et à Brescia — que Beaulieu était passé par Peschiera, ville vénitienne, Bonaparte faisait occuper Vérone, où le quartier général était transféré le 15 prairial (3 juin). Il employa une partie de ses forces à bloquer Mantoue et, s’apercevant que son plan par le Tirol était chimérique dans les conditions où il se trouvait, toute retraite pouvant lui être coupée s’il éprouvait un revers, il songea à se retourner contre le pape avec qui la rupture était complète depuis l’assassinat à Rome du secrétaire de la légation française Bassville (13 janvier 1793). Le directoire et lui allaient chercher, d’ailleurs, à imposer leurs volontés aux divers États de l’Italie.

Au lieu de persister à fournir des renforts à l’Autriche, et avec l’assentiment du cabinet anglais, la Cour de Naples, effrayée des succès des troupes françaises, s’efforça, dès la fin de floréal (17 mai 1796), de s’entendre avec la