Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/488

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quait, le 5 fructidor (22 août), dans la baie de Killala, au nord-ouest de l’Irlande, occupait le lendemain Ballina et, s’avançant témérairement dans un pays pacifié, faisait fuir 6 000 hommes des milices à Castlebar (10 fructidor-27 août) où Humbert proclamait la République irlandaise. Le 18 (4 septembre), il quittait Castlebar avec l’intention, pour dérouter l’ennemi, de marcher d’abord vers le nord dans la direction de Sligo et de se porter ensuite vers l’est du côté de Dublin ; il battit les miliciens non loin de Collooney le 19 (5 septembre) ; puis, après avoir pendant quelques heures continué sa route vers le nord-est, il tournait brusquement à droite, traversait, le 21 (7 septembre), le Shannon au sud du lac Allen et ne tardait pas à être attaqué par 15 000 hommes à l’est de ce lac, à Ballinamuck, bourg situé à une vingtaine de kilomètres au nord de Longford (22 fructidor-8 septembre). Obligé de capituler, il était conduit avec ses compagnons à Dublin ; ils furent bien traités et échangés bientôt après : Humbert rentra en France le 5 brumaire (26 octobre). L’expédition de Brest ne parvint à sortir que le 30 fructidor (16 septembre) ; mais, assaillie le 20 vendémiaire (11 octobre) dans la baie de Donegal par la flotte de Warren, le vaisseau le Hoche et six frégates sur huit furent capturés, certaines d’entre elles, comme la Loire du vaillant capitaine Segond, après avoir soutenu plusieurs combats ; les deux qui échappèrent eurent aussi à lutter ; c’est sur l’une d’elles que le général Ménage fut blessé à mort (29 vendémiaire-20 octobre). Parmi les prisonniers se trouvèrent le chef de division Bompart, le général Hardy, l’adjudant-général Smith, autrement dit l’Irlandais Wolf Tone qui, pour échapper à la pendaison, se coupa la gorge avec un petit canif le 12 novembre ; il mourut sept jours après. Ce désastre fit renoncer à une expédition plus importante qu’on préparait à Brest. Un brick quitta Dunkerque le 18 fructidor (4 septembre), aborda en Irlande le 30 (16 septembre) et, à la nouvelle de la capitulation d’Humbert, se réfugia en Norvège. Les trois frégates qui, sous les ordres de Savary, avaient transporté l’expédition d’Humbert, étaient rentrées en France le 23 fructidor (9 septembre) ; reparties de La Rochelle le 21 vendémiaire (12 octobre), elles purent, après avoir atterri à Killala le 6 brumaire (27 octobre), regagner la France. Les deux frégates sorties, le 3 brumaire an VII (24 octobre 1798), du Texel, se firent prendre presque aussitôt et ainsi se terminèrent les projets sur l’Irlande.

Les navires de l’Angleterre et ceux que la Russie avait, nous l’avons vu au début de ce chapitre, mis à sa disposition, étaient « en partie équipés par des individus étrangers » ; aussi le Directoire prit-il, le 7 brumaire an VII (28 octobre 1798), un arrêté déclarant pirate et ordonnant de traiter comme tel tout individu appartenant à un pays ami, allié ou neutre et faisant partie des équipages des bâtiments ennemis, « sans qu’il puisse, dans aucun cas, alléguer qu’il y a été forcé par violence, menaces ou autrement ». Ceci était exorbitant ; mais il faut ajouter qu’un nouvel arrêté du 24 brumaire (14 no-