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faisons qu’un » (Ernouf, Nouvelles études sur la Révolution française, année 1799, p. 45, note) — et rejoignit l’escadre combinée, le 3 brumaire (24 octobre), devant l’île de Gozzo, qui se rendit le 8 (29 octobre). Vaubois fut bientôt étroitement bloqué dans Malte, où il allait vaillamment tenir pendant vingt-deux mois. D’un autre côté, les Anglais, par la prise de Port-Mahon, dont le gouverneur espagnol capitula sans résistance sérieuse le 15 novembre 1798, devinrent maîtres de Minorque. Dans ces conditions, voulant aller au secours de l’armée d’Égypte, le Directoire fut naturellement conduit à renoncer à toute action dans le nord, afin de pouvoir concentrer toutes ses forces dans la Méditerranée qui, on le sait, lui échappait de plus en plus. Sur un rapport du vice-amiral Bruix, ministre de la marine, le Directoire décidait, le 29 frimaire an VII (19 décembre 1798), d’armer à Brest 24 vaisseaux de ligne. Bruix nommé, le 24 ventôse (14 mars 1799), « général en chef de l’armée navale de Brest », avec mission de pénétrer dans la Méditerranée, vint activer les préparatifs ; l’intérim du ministère de la marine fut confié d’abord à Lambrechts, puis à Talleyrand.

Profitant d’un brouillard épais qui avait obligé l’escadre anglaise de Bridport, chargée de surveiller Brest, à s’éloigner, Bruix put sortir, le 7 floréal (26 avril). Informé de cette sortie le lendemain, Bridport crut à une nouvelle expédition en Irlande et se lança vers le nord, tandis que Bruix, marchant vers le sud, arrivait, le 15 (4 mai), non loin de Cadix, où Keith maintenait le blocus de l’escadre espagnole. Au moment où les deux flottes anglaise et française s’apprêtaient à combattre, elles eurent à lutter contre une terrible tempête ; le lendemain matin, les vaisseaux anglais n’étaient plus là. Bruix franchissait le détroit de Gibraltar sans encombre et, le 25 (14 mai), il jetait l’ancre à Toulon. Keith, pendant ce temps, recevait l’ordre de se porter vers Minorque, où se concentraient les forces anglaises. Cet éloignement de l’escadre de blocus rendit sa liberté à la flotte espagnole enfermée depuis deux ans à Cadix. L’amiral Mazarredo, à la tête de 17 vaisseaux, se dirigea vers Port-Mahon ; mais, par suite d’avaries, il relâcha à Carthagène (20 mai).

Après avoir assuré l’entrée, dans le port de Gênes, d’un convoi de blé destiné à l’approvisionnement de l’armée d’Italie, Bruix mouillait, le 16 prairial (4 juin), dans la baie de Vado, près de Savone. Là il recevait, le 18 (6 juin), la lettre du Directoire du 7 prairial (26 mai), mentionnée plus haut à propos de Bonaparte et de son départ d’Égypte, lui prescrivant de joindre la flotte espagnole, de secourir Malte et d’aller chercher Bonaparte ; il apprenait presque en même temps que Keith approchait avec une flotte de 22 vaisseaux. Hâtant ses préparatifs de départ, Bruix sortait de Vado le 20 (8 juin), esquivait par une manœuvre habile la flotte anglaise et entrait, le 10 messidor (28 juin), dans le port de Carthagène. Ne pouvant entraîner Mazarredo vers Malte, et espérant avoir raison de sa résistance, il consentit à partir avec lui, le 11 (29 juin), pour Cadix, où les deux flottes se trouvaient le 22 (10 juillet). Bruix