Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/497

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cet armistice, signé le 22 (11 janvier), lui livra Capoue qu’il fit occuper le 25 (14 janvier), et lui promit le payement, dans le délai de quinze jours, d’une contribution de dix millions. À cette nouvelle, le 26 (15 janvier), les lazaroni, population paresseuse et mendiante de Naples, s’insurgèrent ; la ville fut pendant trois jours livrée à toutes leurs fantaisies, Pignatelli imita le roi et partit pour la Sicile, le général Mack se réfugia dans le camp français (27 nivôse-16 janvier) ; non seulement la petite fraction révolutionnaire, mais la bourgeoisie elle-même sollicita l’intervention de Championnet qui, dès le 1er pluviôse (20 janvier), avait fait avancer ses troupes sous les murs de la ville. Le lendemain l’attaque commençait et, après de furieux combats, se terminait le 4 (23 janvier). Maître de Naples, Championnet fit désarmer les lazaroni, abolit la royauté et institua la « République napolitaine » comme il fut dit à la séance des Cinq-Cents, le 19 pluviôse-7 février (Moniteur du 24-12 février), et dans le document officiel inséré dans le Moniteur du 4 ventôse (22 février), et que, depuis, publicistes et historiens ont, pour l’amour du grec, appelée « parthénopéenne » du premier nom de Naples, Parthénopé ; déjà le Moniteur du 9 germinal an VII (29 mars 1799) parle de « la nouvelle république napolitaine ou parthénopéenne ».

C’était dans la nuit du 15 au 16 frimaire an VII (5 au 6 décembre 1798) que le Directoire avait appris l’agression des Napolitains contre la République romaine et, dans son court message du 16 (6 décembre) aux Cinq-Cents et aux Anciens, après avoir signalé « l’insolente attaque » de la cour de Naples, passant au roi de Sardaigne contre lequel il agissait en dessous depuis assez longtemps, il ajoutait : « Le Directoire exécutif croit aussi devoir vous déclarer que la cour de Turin, également perfide, fait cause commune avec nos ennemis et couronne ainsi une longue suite de forfaits envers la République française ». Il proposait, en conséquence — proposition votée par les Cinq-Cents et approuvée par les Anciens le jour même — « de déclarer la guerre au roi de Naples et au roi de Sardaigne ». Celui-ci n’aurait certainement pas demandé mieux que d’être débarrassé des Français, vœu très compréhensible de sa part, étant données les exigences réitérées et les manœuvres aggravantes de leurs agents ou de ceux des Républiques ligurienne et cisalpine, qui ne furent pas étrangères à certaines révoltes, d’ailleurs cruellement réprimées. Contrairement à leurs instructions, d’après MM. Guyot et Muret (Revue d’histoire moderne et contemporaine, 15 février 1904, p. 320), notre ambassadeur à Turin, Ginguené, et le général Brune en arrivèrent à réclamer qu’une garnison française occupât la citadelle de Turin, et le roi avait fini par céder ; à la suite d’une convention signée le 10 messidor an VI (28 juin 1798), nos troupes avaient pris possession de cette citadelle le 15 (3 juillet). Sous l’influence croissante de l’élément militaire, c’était de la part de notre ambassadeur et du Directoire qui ratifia sa conduite après coup, la continuation de la politique d’envahissement, peu faite pour rassurer les