Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/514

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lippsburg et sauf une garnison laissée à Mannheim, repassa le Rhin ; déjà, le 1er germinal (21 mars), Bernadotte avait allégué des raisons de santé pour demander un congé. Masséna avait appris, le 2 germinal (22 mars), l’échec éprouvé la veille par Jourdan. Il se décida alors, à attaquer Feldkirch ; sa tentative n’aboutit pas (3 germinal-23 mars) ; averti de la retraite de Jourdain le 7 (27 mars), il retira sa démission et se résolut à rétrograder. Le 7 (27 mars), l’armée d’observation supprimée devenait une aile de l’armée du Danube et, le 23 germinal (12 avril), Masséna était nommé général en chef des armées du Danube et d’Helvétie.

On se rappelle que le Directoire avait déclaré la guerre non seulement à l’Autriche, mais encore à la Toscane. Pour effectuer la conquête bien inutile de ce dernier pays, la division Gauthier, forte de 6 000 hommes, fut distraite des 50 000 combattants dont Scherer pouvait avec peine disposer, sur la ligne du Mincio. Le 6 germinal (26 mars), nos troupes entraient dans Florence sans difficulté et, le surlendemain, le grand-duc Ferdinand III quittait la ville se rendant à Vienne. Une colonne marchait par Pise sur Livouroe qui était occupée le 28 (17 avril).

Après avoir passé le Mincio, Scherer tenant à prendre l’offensive avant l’arrivée des Russes avait, le 5 (25 mars), établi son camp en face des Autrichiens. Le 6 (26 mars), il les attaquait ; mais si sa gauche près du lac de Garde et son centre sous Vérone l’emportaient, sa droite était battue vers Legnago ; le lendemain, les Autrichiens rentraient dans Vérone où Kray concentrait ses troupes. Scherer, lui, perdit son temps à éparpiller les siennes dans des allées et venues indécises. Un échec d’une de ses divisions, le 10 (30 mars), non loin de Vérone, précéda son échec du 16 (5 avril) au sud de cette ville, à Magnano. Comme à Stockach, au début de la journée, la victoire pencha de notre côté, puis l’apparition subite de renforts considérables transforma la victoire entrevue en déroute. Sans même chercher à disputer la ligne du Mincio ou celle de l’Oglio, sans être poursuivi par Kray qui, ne commandant que par intérim, voulut laisser ce soin à son chef Mélas et l’attendit dans le camp de Villafranca où celui-ci arriva le 20 (9 avril), Scherer s’obstina dans une retraite peu glorieuse. Il ne s’arrêta que derrière l’Adda (2 floréal-21 avril), après avoir conseillé à Macdonald de préparer l’évacuation du royaume de Naples. En vertu d’un arrêté du Directoire du 2 floréal (21 avril) déchargeant Scherer, sur sa demande, du commandement des armées d’Italie et de Naples donné à Moreau, ce dernier prit ce commandement le 7 (26 avril). Le 25 germinal (14 avril), l’armée autrichienne, qui s’était bornée à investir Peschiera et Mantoue, avait été rejointe sur le Mincio par 20 000 Russes ; le commandement en chef était passé à Souvorov généralissime des forces coalisées.

Sur l’ordre du Directoire, Macdonald quitta Naples le 18 floréal (7 mai) et se dirigea vers le nord ; il eut le tort de vouloir renforcer les garnisons de