Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/545

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munications entre les insurgés de la Haute-Garonne et ceux du Gers. Battus aussi dans l’Ariège où fut distribuée une proclamation de Souvorov aux Français, les insurgés l’étaient également à Beaumont-de-Lomagne, le 3 fructidor (20 août). Ce même jour, les insurgés concentrés en masse à Montréjeau étaient attaqués à la fois, du côté de Lannemezan, par un petit corps que l’administration centrale des Hautes-Pyrénées y avait judicieusement et rapidement réuni, et, du côté de Saint-Gaudens, par des troupes qui venaient de reprendre Saint-Martory où, quelques jours avant, les insurgés avaient obtenu un succès. Les royalistes furent complètement écrasés ; ceux qui purent échapper gagnèrent l’Espagne par Bagnères-de-Luchon et le val d’Aran. Ce fut la fin de l’insurrection dont les principaux chefs avaient été : Rougé de Paulo, Gallias, Lamothe-Vedel, Labarrère, d’Espouy, de Palaminy, de Sainte-Gemme, de Valcabrère (L’insurrection royaliste en l’an VII, par Lavigne). Quand le général Frégeville, envoyé le 26 thermidor (13 août) par le Directoire, arriva à Toulouse, tout était terminé grâce aux courageux efforts de quelques municipalités républicaines. Parmi celles qui firent preuve d’initiative intelligente et énergique, il faut citer Gimont dans le Gers, Grenade, l’Isle-en-Dodon et Saint-Béat dans la Haute-Garonne. Les femmes de certaines localités, de Marciac notamment, se montrèrent très vaillantes contre les bandits du roi et du clergé. La répression n’eut rien de rigoureux : du 26 fructidor an VII (12 septembre 1799) au 30 vendémiaire an VIII (22 octobre 1799), il fut prononcé 32 condamnations, dont 11 à mort furent exécutées dans les vingt-quatre heures.

Si ce fut là la tentative la plus grave, il y eut des troubles dans plusieurs autres parties de la France ; dans le Sud-Est, en particulier dans les Alpes-Maritimes, les Barbets, dans l’Ouest les Chouans redevinrent nombreux. Déjà, le 9 février 1798, dans une lettre écrite au moment de quitter Blankenburg, Louis XVIII donnait des instructions pour chercher à gagner le général Berthier à la cause royaliste : « un mouvement dans le Jura, le Lyonnais et les provinces méridionales lui fournirait le prétexte de marcher en apparence sur les rebelles avec la meilleure partie de son armée, mais, dans le fait, pour s’unir à eux » (Nouvelle revue rétrospective, n° du 10 février 1902, p. 121). Vers la même époque (mai 1798), les royalistes qui dirigeaient l’Institut philanthropique de Paris, notamment l’archéologue Quatremère de Quincy et Royer-Collard, un de nos plus remarquables collets montés, s’étaient assuré, dans la garde des directeurs, « des hommes de main pour frapper un grand coup » et sollicitaient un million de l’Angleterre pour « faire main basse sur les membres du Directoire », autrement dit pour les assassiner (Ch.-L. Chassin, les Pacifications de l’Ouest, t. III, p. 210) ; mais Canning et Grenville refusèrent de se rendre complices d’un pareil attentat. Enfin, pendant toute cette année 1798, Georges Cadoudal chercha d’Angleterre à provoquer une reprise d’armes générale (Idem). L’or anglais n’était pas seulement convoité par les