Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/597

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Bonaparte sortit de la salle sans avoir prononcé un mot, pendant que la grande majorité des députés réclamait sa mise hors la loi ; « cette retraite fut une véritable déroute » (Thibaudeau, Le Consulat et l’Empire, t. Ier, p. 49). Savary, membre du Conseil des Anciens (Mon examen de conscience sur le 18 brumaire), alla voir ce qui se passait aux Cinq-Cents : « J’arrivai, raconte-t-il (p. 32), à la porte de l’Orangerie au moment de la plus grande

Bonaparte
Dessin à la plume, de Gros.
(D’après un document du Musée du Louvre.)


rumeur. On criait de tous côtés hors la loi… Je vis que l’on n’avait pas oublié la remarque imprudente de Lucien dans la séance du 28 fructidor précédent (voir chap. xx)… C’était bien ici le cas de l’application. L’agitation était très vive et j’attendais le résultat de cette crise, lorsque j’aperçus le général soutenu par deux grenadiers. Il était pâle, morne, la tête un peu penchée ».

Après la sortie du général, Bigonnet, membre des Cinq-Cents, se rendit pendant le tumulte auprès de Lucien revenu « comme par enchantement » (Combes-Dounous, p. 37, Notice sur le 18 brumaire par un témoin), pour