Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/444

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Autrichiens qui, commandés par Schwartzenberg, avaient tenté d’envahir Dresde. Une bataille plus importante fut livrée le lendemain, et se termina, grâce à la vaillance fougueuse et à la précision de Murat, de Ney et de Victor, par la victoire de nos troupes ; il y eut environ 10 000 hommes mis hors de combat de chaque côté, mais un grand nombre de prisonniers et le désordre provoqué par nos troupes dans les rangs ennemis furent les manifestations indubitables de nos succès.

Contraint de demeurer à Dresde où le retint plus d’un mois une soudaine indisposition, Napoléon dut laisser à ceux qui commandaient sous ses ordres le soin de rendre cette victoire définitive ; ceux-ci s’en tirèrent fort mal, et leurs échecs neutralisèrent rapidement tout le prestige que la victoire de Dresde avait rendu à nos armes. La 29 août, Vandamme, mal secondé par Mortier et Gouvion-Saint-Gyr que Napoléon avait désigné pour être ses collaborateurs, capitulait à Kulm, laissant 6 000 morts sur le champ de bataille. Macdonald, voulant interdire à Blücher le passage de la Katzbach, fut mis en déroute par des cavaliers prussiens qui contraignirent ses troupes à repasser confusément le fleuve. Ce combat avait coûté près de 10 000 hommes aux Français.

Précédemment, Oudinot avait subi à Gross-Beerk un grave échec et s’était retiré sur Wittenberg, sous le feu des troupes de Bernadotte.

Ces défaites successives n’avaient pas peu contribué à exalter de nouveau le zèle des alliés que la victoire de Dresde avait affectés. Le 6 septembre, un nouvel échec vint s’ajouter aux précédents : Ney, dont les troupes étaient inférieures en nombre à celles de Bernadotte, fut repoussé par celui-ci à Dennewitz ; ce fut le même jour qu’un régiment de Saxons passa tout entier, en plein combat, du côté de l’ennemi.

Quelques jours plus tard, un traité fut signé à Tœplitz, qui précisait les conditions mutuelles de la coopération de la Prusse, de l’Autriche et de la Russie. Il y était, entre autres choses, déclaré que le rétablissement des anciennes frontières de l’Autriche et de la Prusse serait effectué dès la fin de la campagne, et l’on s’entendait en outre sur les mesures à prendre promptement pour réorganiser et restaurer dans leur forme politique primitive les territoires qu’on allait définitivement reprendre à Napoléon.

Dans les premiers jours d’octobre, l’empereur, qui ne doutait point de l’imminence d’une rencontre redoutable, résolut de compléter les cadres de ses armées par de nouvelles troupes, et, par l’intermédiaire de l’impératrice-régente, fit présenter au Sénat un décret décidant la levée de 300 000 hommes pris par anticipation sur les conscriptions de 1814 et de 1815. Le Sénat, qui semblait n’être là que pour ratifier de si effroyables desseins, donna son acquiescement servile, tout en protestant de son amour et de son inébranlable fidélité envers la dynastie impériale. Pour se conformer aux désirs pressants de Napoléon, L’impératrice-régente entreprit vers le même temps un voyage