Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/307

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Mais quelle que soit l’origine présumée de la lettre de Guillaume, il faut qu’on nous donne cette lettre. Il faut qu’on nous explique cette origine.

Il n’est pas possible que ce monument de l’audace criminelle de l’État-Major et de l’imbécillité de Rochefort reste dans l’ombre.

Ce faux est le roi des faux, comme Rochefort est le roi des dupes. Qu’on ne nous prive pas de ce chef-d’œuvre !


VII

Voilà donc qu’au point où nous sommes il y a, sans compter les faux non encore constatés, huit faux, exactement, à la charge de l’État-Major.

Il y a les trois lettres fausses de Schwarzkoppen et Panizzardi fabriquées par Henry.

Il y a la fausse photographie représentant Picquart en conversation avec Schwarzkoppen.

Il y a les trois lettres ou dépêches fausses fabriquées contre Picquart.

Enfin, par un couronnement impérial et superbe, il y a la lettre fausse de Guillaume II.

Et les bandits qui, dans la seule affaire Dreyfus, ont déjà à leur compte huit faux reconnus, constatés, ont l’audace encore de nous demander crédit.

Ils chuchotent maintenant qu’au fond de leur dossier ultra-secret ils ont des lettres de nos espions prussiens, mais qu’on ne pourrait les montrer sans perdre nos agents de Berlin.

Misérables, vous mentez !

D’abord ces lettres, si elles existent, ne peuvent être que des faux, car tant que le colonel Picquart était au ministère elles n’existaient pas.

La preuve c’est qu’on lui a permis de pousser son enquête jusqu’à la fin octobre 1896. On l’aurait arrêté