Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/37

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4o Par une coiffure ou capuchon, Ⲕⲗⲁϥⲧ (Klaft) ; c’est la coiffure ordinaire des personnages privés dans les bas-reliefs égyptiens.

Le Λ est rendu par un lion ou une lionne dans une attitude de repos parfait. Nous trouverons le motif du choix de cet animal pour représenter la consonne Λ, dans le mot égyptien Ⲗⲁⲃⲟ (Labo) ou Ⲗⲁⲃⲟⲓ (Laboi), employé dans les textes coptes, avec la signification de Lionne[1]. Nous ferons observer que le mot exprimant l’idée de Lionne, en arabe ﺐﻮﻟ Lebouah, et en hébreu לביח Lébieh, sont parfaitement semblables au mot égyptien Ⲗⲁⲃⲟⲓ (Laboi) ; ajoutons même que ce mot, dont l’orthographe régulière paraît avoir été Ⲗⲁϥⲱⲓ (Lafôi), n’est qu’un mot composé signifiant très-velu, valdè hirsutus, et que c’est dans ce sens qu’on aurait aussi quelquefois appliqué ce nom à l’ours dans la version égyptienne des livres saints[2].

Le trait brisé qu’on a cru représenter l’eau en écriture hiéroglyphique, y exprime, seulement, la préposition de, en égyptien  ; c’est pour cela que ce signe idéographique est devenu celui du son Ν. Les petits vases qui représentent aussi la consonne Ν, ne sont autres que ces petits vases d’albâtre qu’on trouve si fréquemment en Égypte, et qui servaient à contenir des huiles parfumées Ⲛⲉϩ (Neh) ; ces vases portent dans les écrivains grecs le nom d’Αλαβαστρος ou d’Αλαβαστρον.

  1. Kircher, Scala magna, pag. 164.
  2. Apocalypse, XIII, 2.