Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/39

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Quant aux signes des voyelles de l’alphabet hiéroglyphique, il est aisé de voir qu’ils s’emploient d’une manière assez confuse les uns pour les autres. On ne peut établir sur ce point que les règles générales suivantes :

1o L’épervier, l’ibis, et trois autres espèces d’oiseaux s’emploient constamment pour Α ;

2o La feuille ou plume représente indifféremment les voyelles brèves Ᾰ Ἕ, même parfois Ŏ.

3o Les deux feuilles ou plumes répondent indifféremment aux voyelles Ι, Η, ou aux diphtongues ΙΑ, ΑΙ.

Tout ce que je viens d’exposer sur l’origine, la formation et les anomalies de l’alphabet hiéroglyphique phonétique, s’applique presque entièrement à l’alphabet démotique-phonétique, dont la seconde colonne de la planche IV contient toute la série des signes, tirés de l’inscription de Rosette et du papyrus nouvellement acquis pour le cabinet du roi.

Ces deux systèmes d’écritures phonétiques étaient aussi intimement liés entre eux que le système idéographique sacerdotal le fut avec le système idéographique populaire qui n’en était qu’une émanation et avec le système hiéroglyphique pur dont il tirait son origine. Les lettres démotiques ne sont, en effet, pour la plupart, comme nous l’avons annoncé, que les signes hiératiques des hiéroglyphes phonétiques eux-mêmes. Il vous sera aisé, monsieur, de reconnaître toute la vérité de cette assertion, en prenant la peine de consulter le Tableau comparatif des signes hiératiques classés à côté du signe hiéroglyphique correspondant, Tableau que j’ai