Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/17

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quelques mots qu’il avait glissés dans son envoi officiel ne pouvaient guère rassurer sa famille et ses amis sur l’avenir, qui semblait de plus en plus menaçant :

« Nous vivons comme dans une ville assiégée, y disait-il. Nous sommes fermés au monde entier… Le plus fort règne sans partage et avec peu de modération. J’ai des pages de souvenirs oculaires, extrêmement riches de couleur. J’espère qu’il me sera permis un jour d’écrire ce petit morceau d’histoire…

« Ce que je promets à la Revue, est un journal personnel peignant au jour le jour l’état de la contrée que j’habite et les événements et scènes qui se passent sous mes yeux. Les lecteurs ne perdront rien pour attendre, car il m’a été donné de beaucoup voir…

« On a parlé un instant de la levée en masse et le manque d’armes seul l’a retardée. Il était question d’envoyer au bagne les étrangers qui refuseraient le service. Mais il n’y a pas d’argent pour nourrir les galériens eux-mêmes, et il faudra les enrôler dans l’armée, si ce n’est déjà fait... Me voyez-vous galérien pour avoir refusé d’être soldat de cette cause !

« Si le Texas reste plongé dans l’état où il est, je ne puis faire qu’une chose, c’est de revenir. Je devrai tout sacrifier, mais je n’habiterai pas un pays