Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/45

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diables. J’examinai attentivement le groupe que j’avais sous les yeux; je cherchais Amanda… lorsqu’un éclair soudain, brillant à travers les ténèbres extérieures, me permit de distinguer dans le préau, au-dessous de la fenêtre, la forme d’un cheval immobile, et celle d’une femme qui s’enveloppait contre le gros temps.

Le chef de la bande renouvela ses demandes d’un ton résolu, et en faisant briller ses armes.

— « Que faire? » dit le settler, qui craignait que je ne l’accusasse auprès des planteurs. Il ne possédait pas d’esclaves ; ses intérêts personnels n’étaient pas en question; livré à lui-même, il n’eût pas fait difficulté de céder aux exigences des noirs. D’ailleurs, sans être philanthrope ou abolitioniste, il n’apercevait en ce moment que l’utilité de se concilier des hôtes dangereux. Qui sait? Il se fût vengé peut-être, avec un plaisir secret, de la terreur que les maîtres faisaient peser sur le pays. Mais la présence d’un témoin le jetait dans une perplexité pénible.

— « Est-il possible de refuser une demande aussi bien appuyée? » répondis-je pour le mettre à l’aise.

Là-dessus, le settler livra, sans autre hésitation, les provisions réclamées. Chaque noir était pourvu d’un grand sac ou d’une pièce de coton ; chacun lia là-dedans les objets qui lui furent assignés en partage, et chargea sa besace sur son dos à l’aide d’un bâton.

Aussitôt qu’il fit jour, mon hôte ordonna à son fils aîné de se rendre au bas de la rivière, et de porter au planteur qui exerce les fonctions de constable, sa déclaration justificative. Ce jeune homme était au moment de monter en selle, quand une troupe de cavaliers parut