Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/50

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opinions unionistes étaient connues. Un détachement d’artillerie, sous les ordres du capitaine Teel et du lieutenant Braden, tous deux de San-Antonio, arriva pour tenir garnison au Fort. A peine furent-ils installés, que ces officiers d’aventure vinrent à la ferme avec quelques-uns de leurs dignes subordonnés. Ils appelèrent l’Alsacien au clayonnage, lui offrirent à boire d’une bouteille d’eau-de-vie; et tandis que l’émigrant, sans défiance, mettait les lèvres à ce calice de perfidie, les officiers et les soldats l’assommèrent avec le gros bout des haches. Puis, le traînant par les cheveux, sous les yeux de sa famille éplorée, ils pendirent le cadavre à l’un des arbres du jardin. Je rends justice aux réclamations énergiques de l’agent consulaire français, M. H. Guilbeau; mais ni lui ni son gouvernement n’ont encore rien pu obtenir[1].

En septembre, un de mes voisins vit enlever de ses pâturages (ranges) un troupeau de chevaux d’une grande valeur. Il organisa aussitôt une poursuite des rouges, poursuite qui poussée promptement et bien conduite devait amener le recouvrement des animaux. Son désespoir me toucha; ses cris : « Mes chevaux ! mes chevaux ! » répétés avec persistance, me déterminèrent à accompagner sa petite expédition. En principal intéressé, le settler dépouillé, M. Harris, s’était institué capitaine, titre qui fut ratifié d’une commune voix! Dans sa compagnie nous étions sept hommes, bien armés, pourvus de vivres, mais très-inégalement montés.

Vers la tombée de la nuit, nous aperçûmes pour la

  1. En dernier lieu Teel a été l’objet de promotions.