Page:Jean de Léry - Voyage au Brésil - Gaffarel vol 1, 1880.djvu/57

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France Antarctique, pour certaines conjurations faites contre nostre compagnie de François Normands, lesquels pour entendre le langage de ce peuple sauvage et barbare, qui n’ont presque point de raison pour la brutalité qui est en eux, avoyent intelligence, pour nous faire mourir tous, avec deux Roitelets du pays, ausquels ils avoyent promis ce peu de biens que nous avions. Mais lesdits Escossois en estans advertis, descouvrirent l’entreprise au Seigneur de Villegagnon et à moy aussi, duquel fait furent tres-bien chastiez ces imposteurs, aussi bien que les Ministres que Calvin y avoit envoyez, qui beurent un peu plus que leur saoul, estans comprins en la conspiration. »

Derechef Thevet entassant matiere sur matiere, en s’embarrassant de plus en plus ne sçait qu’il veut dire en cest endroit : car meslant trois divers faits ensemble, dont l’un toutesfois est faux et supposé par luy, lequel j’ay jà refuté, et deux autres advenus en divers temps, tant s’en faut encores que les Escossois luy eussent revelé la conjuration dont il parle à présent, qu’au contraire (comme vous avez entendu), luy estant du nombre de ceux ausquels Villegagnon reprochoit par sa lettre qu’ils s’en estoyent retournez en Égypte, c’est à dire à la Papauté, de quoy on peut aussi recueillir que tous reciproquement avant que sortir de France luy avoyent fait promesse de se renger à la religion reformée, laquelle il disoit vouloir establir où il alloit, il ne fut non plus compris en ce second et vray danger qu’au premier imaginaire et forgé en son cerveau.

Touchant le troisieme, contenant que « quelques seditieux compagnons de Richier furent executez, et leurs corps donnez pour pasture aux poissons » : je di aussi que tant s’en faut que cela soit vray, de la façon