Page:Jean de Rotrou-Oeuvres Vol.5-1820.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si jusques à ce jour vous avez cru ma vie
Inaccessible même aux assauts de l’envie,
Et si les plus censeurs ne me reprochent rien,
Qui m’a fait si coupable en me faisant chrétien ?
Christ réprouve la fraude, ordonne la franchise,
Condamne la richesse injustement acquise ;
D’une illicite amour défend l’acte innocent,
Et de tremper ses mains dans le sang innocent :
Trouvez-vous en ces lois aucune ombre de crime,
Rien de honteux aux siens, et rien d’illégitime ?
J’ai contre eux éprouvé tout ce qu’eût pu l’enfer,
J’ai vu couler leur sang sous des ongles de fer,
J’ai vu bouillir leur corps dans la poix et les flammes,
J’ai vu leur chair tomber sous de flambantes lames,
Et n’ai rien obtenu de ces cœurs glorieux
Que de les avoir vus pousser des chants aux cieux,
Prier pour leurs bourreaux au fort de leur martyre,
Pour vos prospérités, et pour l’heur de l’Empire.

MAXIMIN.

Insolent ! est-ce à toi de te choisir des dieux ?
Les miens, ceux de l’empire, et ceux de tes aïeux,
Ont-ils trop faiblement établi leur puissance,
Pour t’arrêter au joug de leur obéissance ?

ADRIEN.

Je cherche le salut, qu’on ne peut espérer
De ces Dieux de métal qu’on vous voit adorer.

MAXIMIN.

Le tien, si cette humeur s’obstine à me déplaire,
Te garantira mal des traits de ma colère,
Que tes impiétés attireront sur toi.