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p. 426), j’ai estimé la perte de poids moyenne et annuelle d’un souverain par le frai à 0 grain 043 (en grammes, 0,00276). Il en résulterait qu’en général un souverain ne peut circuler plus de dix-huit ans sans tomber au-dessous du poids accordé par la loi. Cet espace de temps constituerait donc ce qu’on peut appeler la vie légale d’un souverain. Le docteur Farr a montré depuis que certaines considérations, dont je n’avais pas tenu compte dans mon calcul, réduiraient à quinze ans la durée de cette vie légale. D’un autre côté M. Seyd pense que vingt ans peuvent être adoptés comme âge légal du souverain.

Quand-nous comparons ensemble les monnaies de différents pays, il devient évident pour nous que la quantité du frai dépend en partie de l’activité de la circulation, en partie de la dimension et de la nature des monnaies. Suivant les recherches de M. Feer-Herzog en Suisse, la perte moyenne de la pièce de vingt francs s’élève chaque année à 200 millionièmes de son poids total, tandis que dans les pièces d’or de dix et de cinq francs, les pertes correspondantes sont de 430 et de 620 millionièmes. Pour l’or anglais, les pesées que j’ai faites moi-même montrent que le souverain perd environ, pour chaque année d’usage, 350 millionièmes de son poids, tandis que le demi-souverain ne perd pas moins de 1,120 millionièmes, c’est-à-dire plus d’un dixième pour cent. Comme les pièces anglaises sont plus lourdes que le napoléon et le demi-napoléon, elles devraient souffrir proportionnellement moins de perte. M. Feer-Herzog attribue ces pertes excessives de la monnaie anglaise au métal plus mou que produit l’alliage à onze douzièmes. Cette cause peut contribuer à produire l’effet observé ; mais il est probable que la rapidité plus grande avec laquelle l’or circule en Angleterre, est la principale raison d’une différence si considérable.

La quantité du frai dépend beaucoup, ainsi qu’on le verra, des dimensions de la monnaie. Une grosse pièce, — la couronne anglaise, l’écu d’argent français, le double aigle américain, — subit comparativement une perte faible, parce que sa surface s’accroît dans une proportion beaucoup moins rapide que son volume. Le peu de frai des différente dol-