Page:Jevons - La monnaie et le mécanisme de l’échange.djvu/263

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nions. Cependant il y a, selon moi, un côté faible dans la théorie de ces auteurs.

possibilité d’une émission exagérée.

Lorsque les prix sont à un certain niveau et que le commerce est tranquille, un seul banquier ne peut sans doute verser dans la circulation au-delà d’une certaine quantité de billets.

Il n’exerce pas plus d’influence sur l’ensemble de la circulation qu’un seul négociant n’en peut exercer, par ses ventes et ses achats, sur le marché du blé ou du coton. Mais si un certain nombre de banquiers émettaient en même temps une grande quantité de billets venant s’ajouter à ceux qui existent déjà, ils produiraient le même effet qu’un groupe de marchands qui offrent de vendre du blé livrable à terme ; et la valeur de l’or en serait affectée, comme nous savons que l’est le prix du blé. Nous sommes trop accoutumés à regarder la valeur de l’or comme une donnée fixe du commerce ; c’est en réalité une chose très-variable. Les tableaux des prix, que j’ai analysés dans le Statistical Journal du mois de juin 1865, montrent qu’entre 1822 et 1825 il y eut dans les prix une hausse qui s’éleva à 17 pour cent ; entre 1844 et 1847, puis entre 1852 et 1857, la moyenne des hausses fut respectivement de 13 et de 31 pour cent. De telles variations dans les prix nous apprennent que la valeur de l’or s’est elle-même modifiée en sens inverse ; et ces variations sont produites surtout par l’extension du crédit. Toute personne qui promet de payer de l’or à une échéance à venir, accroit par là même l’offre anticipée de l’or ; il n’y a aucune limite à la quantité d’or qui peut ainsi être jetée sur le marché. Quiconque tire une lettre de change ou émet un billet, travaille, sans en avoir conscience, à encombrer le marché de l’or. Tout va bien, et une prospérité apparente règne dans la communauté entière, tant que ces promesses de payer de l’or peuvent être rachetées ou remplacées par de nouvelles promesses. Mais la hausse des prix ainsi produite renverse la balance des échanges avec l’étranger, et fait contracter des dettes qui doivent être payées en or. La base sur laquelle