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dans bien des pays, par suite du mélange de monnaies appartenant à des états différents. Il y a beaucoup de peuples à demi-civilisés qui n’ont pas de monnaie nationale ; ils emploient les monnaies que le commerce fait tomber entre leurs mains. Sur la côte ouest de l’Afrique le dollar espagnol est la monnaie la plus usuelle ; mais les pièces danoises, françaises ou hollandaises ont cours en même temps. Dans plusieurs des états de l’Amérique du sud, la monnaie est dans un état de confusion complète, et consiste en un assemblage d’aigles américains, de doublons d’or, de dollars d’argent, de souverains anglais, de piastres, etc., quelquefois mêlés à différentes monnaies des états de l’Amérique du sud qui ont subi diverses altérations. Même dans des possessions anglaises nous trouvons le même état de choses. Dans les iles anglaises des Indes occidentales, les dollars américains, mexicains, espagnols et autres, circulent concurremment avec la monnaie anglaise ; mais il faut ajouter que la plupart du temps le dollar espagnol est regardé comme l’unité de valeur, et sert à évaluer les autres monnaies.

En Orient on rencontre le même mélange d’espèces. À Singapour la roupie indienne se mêle aux dollars espagnols et mexicains. La Perse a en propre une monnaie fort imparfaite et dont le poids est si peu fixe qu’on ne peut l’employer qu’en la pesant ; mais les pièces d’or russes, turques et autrichiennes y circulent ; on se contente de les compter. Quelques-unes des nations les plus avancées ont toléré ou même encouragé la circulation de différentes monnaies étrangères. En Allemagne, on avait l’habitude de recevoir les pièces d’or anglaises et françaises à un taux généralement reconnu. La circulation des monnaies d’or anglaises, françaises, espagnoles, mexicaines et autres dans les États-Unis fut légalisée par une loi du 28 juin 1834, révoquée elle-même par une autre loi du 21 février 1857, qui permet cependant de recevoir, dans les administrations de l’état, certaines monnaies étrangères.

En Angleterre, on a joui, pendant de longues générations, d’une monnaie très-pure, de sorte qu’on n’y connaît pas les inconvénients résultant d’un mélange confus de pièces de valeurs différentes. Mais au commencement du