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rapport commercial pour permettre aux pièces de circuler longtemps concurremment ; en cas de variation, il pensait que les pièces d’or pouvaient être fondues et émises de nouveau aveu un poids différent. Après de longues discussions où Bérenger, Lebreton, Daru et Bosc jouèrent le rôle-principal, les propositions de Gaudin furent adoptées, mais avec quelques modifications. Il semble qu’on ait jugé peu sage soit de démonétiser l’or complètement, ce qui aurait sérieusement diminué la circulation, soit de laisser dans l’incertitude la valeur des pièces d’or, ce qui aurait occasionné des disputes. La proportion adoptée par les législateurs de la Révolution exagérait un peu la valeur de l’argent ; c’est pourquoi la monnaie française en vint à consister principalement du lourdes pièces de cinq francs ou écus. Ce fut seulement lorsque les découvertes de la Californie et de l’Australie firent de l’or la monnaie la moins chère pour effectuer les paiements, que cette monnaie d’argent si pesante commença à disparaître. L’action de ce système de double étalon sera examinée plus à fond au chapitre XII.

cours force composite.

Nous avons vu qu’avec une monnaie d’un seul métal il est difficile d’effectuer de grands ou de petits paiements, selon que le métal choisi a trop peu ou trop de valeur. Si deux ou plusieurs séries de pièces à valeur réelle sont frappées avec des métaux différents, et qu’on laisse varier librement les valeurs relatives de ces pièces, les calculs deviennent difficiles. Si les deux métaux reçoivent le cours forcé avec un rapport une fois déterminé, la monnaie tendra à se composer alternativement de l’un ou de l’autre métal, et les changeurs tireront profit de ces conversions successives.

Il reste encore un autre système possible, dans lequel des pièces d’un seul métal sont adoptées comme unités de valeur et comme principale monnaie légale, tandis que des espèces auxiliaires à valeur conventionnelle, frappées avec d’autres métaux, sont employées pour les petits paiements, et n’ont le cours forcé que pour de faibles sommes. La valeur de ces pièces dépend alors de celle des espèces principales contre