on peut toujours ensuite l’employer à un achat. Cette marchandise banale est appelée un moyen d’échange, parce qu’elle forme un troisième et moyen terme dans toutes les opérations de commerce.
Dans ces dernières années on a essayé une curieuse tentative pour faire revivre la pratique de l’échange à l’aide d’avis mis en circulation. Le Exchange and Mart est un journal destiné à annoncer tous les objets dépareillés dont leurs propriétaires veulent se défaire en échange de quelque article désiré. Une personne a quelques vieilles monnaies et un vélocipède, et veut les changer contre une bonne concertina. Une jeune dame désire posséder « Middlemarch, » et offre pour l’avoir quelques vieux morceaux de musique dont elle ne veut plus. À en juger par les dimensions et le succès du journal, ainsi que par quelques autres journaux hebdomadaires qui lui ont emprunté son idée, nous devons présumer que ces offres sont quelquefois acceptées, et que la presse peut amener, jusqu’à un certain degré, la double coïncidence nécessaire à la pratique du troc.
Dans le troc nous rencontrons une seconde difficulté. À quel taux doit-on faire un échange quelconque ? Si l’on donne une certaine quantité de bœuf pour une certaine quantité de blé ; si l’on échange de la même façon le blé pour du fromage, le fromage pour des œufs, les œufs pour la cire, et ainsi de suite, nous aurons encore à résoudre cette question : Combien de bœuf pour combien de cire ? c’est-à-dire combien faut-il donner de chaque denrée pour une quantité déterminée d’une autre marchandise ? Avec le système de l’échange, la liste des prix courants serait un document singulièrement compliqué, car chaque denrée y devrait être évaluée en termes de chaque autre denrée ; autrement on serait réduit sans cesse à des applications très-incommodes de la règle de trois. Entre cent articles il n’y a pas moins de 4950 échanges possibles, et tous ces échanges doivent être ramenés soigneusement les uns aux autres, sinon le commerçant rusé fera des bénéfices