Page:Jodelle - Les Œuvres et Meslanges poétiques, t. 2, éd. Marty-Laveaux, 1870.djvu/329

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Que ſi grand’choſe eſtoit conquiſe :
Chacun n’oublie à ſe vanter
De cela qu’il a ſceu mieux faire,
Tâchant pour ſon plus grand ſallaire
La gloire chez ſoy remporter.
Or ie voy qu’en ce temps diuers
Ta principale Chaſſe (Sire)
Doit eſtre des Diſcords peruers,
Renuerſeurs de tout grand Empire,
Pour en les pourchaſſant chaſſer
La ruine qui nous menace,
Comme ia telle heureuſe chaſſe
Dieu t’a fait ſi bien commencer.
Ie ſçay meſme qu’en émouuant
Tant ſoit peu quelque eau croupiſſante,
Sort grand’puanteur  : & qu’vn vent
D’vn peu de braiſe languiſſante
Excite ſouuent grand’s ardeurs,
Et pour tels dangers ie ne cuide
Qu’encor’noſtre France ſoit vuide
De ſouffleurs & de remueurs.
Ie ſuis ſeur que les grands ſont pleins
Souuent de grande haine & pique,
Ne ſuiuant pas de ces Romains
La doctrine & la gloire antique,
Qui moins de triomphe auoient mis
A vaincre les forts aduerſaires,
Qu’à vaincre les propres choleres,
Nos plus familiers ennemis.
I’ay grand’peur qu’vne Ambition
Soit d’Ambition reſuiuie :
Ie ſçay qu’en noſtre nation
Naturelle & propre eſt l’enuie,
Et que tout cela qui en vn
Nous doit eſtreindre d’auantage,
CHRIST, le Païs, le parentage,
Et d’vn Roy le lien commun :
C’eſt cela qui ſeul au rebours