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le robinson suisse.

CHAPITRE VIII

Nouveau voyage au navire. — Construction d’un radeau. — Pillage du navire. — La tortue. — La boîte de bijoux. — Souhaits de mes enfants. — Projet d’un bassin. — Le manioc. — Comment se prépare l’écaille de la tortue. — Second chargement du traîneau. — Le vin de Canarie.


Au premier chant du coq, je sautai hors de mon hamac, et, avant d’éveiller les enfants, je descendis de l’arbre pour dépouiller le kanguroo, dont nous voulions manger la moitié le jour même et saler le reste. J’arrivai fort à propos : les chiens, qui s’étaient régalés la veille des entrailles de l’animal, s’apprêtaient à recommencer la fête ; déjà ils lui avaient arraché la tête, qu’ils se disputaient à belles dents. Saisissant un bâton, je leur en donnai deux coups vigoureux, et ils s’enfuirent se cacher sous les buissons voisins. Alors je fis mon métier de boucher ; comme je n’étais pas encore très-habile dans la partie, je me couvris tellement du sang de l’animal, que je dus ensuite me laver et changer de vêtements.

Après avoir déjeuné, je dis à Fritz de se rendre à Zeltheim pour préparer le bateau de cuves sur lequel nous devions monter. Je m’aperçus peu après de l’absence de Jack et d’Ernest, et demandai avec inquiétude à ma femme ou ils pouvaient être. Elle me répondit qu’ils étaient sans doute allés arracher des pommes de terre. Il fallut me contenter de cette réponse. Je conseillai à leur mère de les gronder sévèrement à leur retour. Je fus un peu moins inquiet à leur sujet en voyant qu’ils avaient eu soin d’emmener Turc comme compagnon de voyage.

Fritz et moi nous arrivâmes au pont du ruisseau, où nous fûmes fort surpris de rencontrer Jack et Ernest, qui sortirent d’un buisson où ils s’étaient cachés. Peut-être avaient-ils pensé que je leur permettrais de venir avec nous au navire.