Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/10

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gardai bien d’interrompre le cours de ses pensées. N’ayant rien d’autre à faire, j’imitai Lautrec : je pensai au cadavre du cul-de-jatte et à ses cinq femmes.

Que signifiait ce mystère ?

Fallait-il admettre que le défunt eût poussé l’héroïsme et la volupté du martyre jusqu’à convoler cinq fois en justes noces ou bien — ce qui eût été plus extraordinaire encore — qu’il ressemblât à quatre hommes disparus au cours de la même nuit ?

Quatre sosies ! C’était invraisemblable. Non, il n’était pas possible que cinq hommes offrissent entre eux une ressemblance telle que leurs propres épouses se fussent méprises sur leur identité. La nature crée parfois deux êtres qui, à première vue, semblent être sortis du même moule ; mais c’est là un phénomène si rare que les savants le citent comme une anormalité. Et, même dans ce cas, lorsqu’on étudie de près les deux sujets on relève une infinité de traits distinctifs qui les différencient totalement.

Je pensai :

« Ces cinq femmes se sont trompées ou ont voulu tromper la justice.

À ce moment, mon ami m’arrêta :

— Je viens de deviner votre pensée à la façon dont vous avez hoché la tête en regardant machinalement une dame qui passait.