Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/19

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mon cher ?

— Oui.

— Vous avez identifié le cadavre ?

— Pas encore, j’ignore son nom exact ; mais j’ai appris que ce peu recommandable personnage n’exerçait pas seulement le lucratif métier de mendiant que nous lui connaissions : c’était aussi un entremetteur..

— Ah !

— Et un entremetteur d’un genre tout à fait original : le misérable vendait ses femmes !… En un mot, il attirait chez lui Pierre et Paul, il nouait des intrigues galantes et il vivait grassement du produit de la prostitution de ses légitimes. D’où le surnom de « Cocu à Roulettes » qu’on lui avait donné pour évoquer sa double infirmité et qu’il portait allègrement, avec un cynisme déconcertant.

— Ah ! le c…, pardon, j’allais dire cochon, tout crûment.

À ce moment, on sonna à la porte de mon ami. Le groom alla ouvrir et vint dire que M. Bellay, accompagné d’une dame, attendait dans l’antichambre.

— Faites entrer, dit Lautrec.

Bellay c’était cet inspecteur de la Sûreté qui, en maintes circonstances, ai-je dit, avait prêté son concours au détective.

La dame, c’était Mme Chélard, une des cinq épouses du cadavre.

— Du nouveau ? demanda mon ami au policier. Celui-ci répondit, en ouvrant de grands yeux ;

— Et du fameux ! Le mystère se complique : Mme Chélard a revu son mari vivant !

Il y eut un moment de stupeur.

— Je vous amène Mme Chélard, reprit Bellay, pour qu’elle vous fasse elle-même le récit de ce qu’elle a vu.