Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/36

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te de Riva qui prenait la forme du cul-de-jatte ! Mais il fallait que le détective répondît ! — Et parler, sans pouvoir imiter la voix inconnue du comte, c’était se démasquer…

Lautrec employa un subterfuge. Sans mot dire, il tira d’une de ses poches le billet reçu le matin et le tendit à son interlocutrice. Celle-ci le prit et le parcourut du regard :

— Mais, remarqua-t-elle, c’est le billet que j’avais confié à Jérôme, il y a quelque temps déjà, et qu’il n’aura pu, sans doute, vous remettre le jour même. Je n’ai plus revu mon frère depuis… Il s’agissait de l’affaire dont je vous ai entretenu jeudi. Et vous, avez-vous du nouveau ?

Lautrec se taisait, attendant quelques mots encore, les derniers mots révélateurs que pût encore prononcer la comtesse avant qu’il ne fût démasqué. Mais la jeune femme attendait et elle n’ajouta qu’une phrase :

— Mais parlez donc… je vous écoute. À ce moment un coup de sonnette retentit. On allait peut-être venir. Il fallait brusquer tout.

« Le sort en soit jeté ! » pensa Lautrec. Il se dressa et, repoussant du pied le chariot qu’il occupait quelques instants auparavant il se dirigea, le revolver braqué sur la comtesse. Celle-ci poussa un cri d’effroi.

— Pas un mot, madame, dit Lautrec d’une voix calme. Je suis de la police. Vous allez me révéler à l’instant ce qui se passe ici.

La comtesse reculait, interdite, effrayée, devant le canon menaçant du revolver.

Puis, tout à coup, elle poussa un soupir de soulagement : une tenture du boudoir venait de s’ouvrir. Sur le seuil se dressait, immobile, dans la pénombre, un homme à l’attitude hautaine, la taille sanglée dans une redingote impeccable, le visage au teint mat barré d’une