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mémoire sur l’atlantide.

tent d’une île découverte par les Carthaginois au-delà des Colonnes d’Hercule et qu’ils défendirent d’habiter. L’Atlantide avait déjà disparu avant que Carthage fût fondée. Cette île, la même sans doute que celle dont parle Plutarque[1] dans la vie de Sertorius ne peut être qu’une des îles que les anciens appelaient Fortunées, et que nommons maintenant les Canaries[2].

Parmi les écrivains modernes, presque tous ceux qui ont traité cette grande question reconnaissent l’existence de l’Atlantide. Les différents systèmes qu’ils ont proposés pour fixer sa position ancienne, montrent qu’ils reconnaissent comme vrai le fait de son existence dans les premiers siècles. Nous ne pouvons guère citer que deux auteurs qui lui aient refusé leur assentiment. Il faut avouer que leur nom est d’une grande autorité dans l’Histoire de la Géographie ancienne. C’est d’Anville et Gosselin[3]. Examinons leur opinion et considérons si les raisons qu’ils apportent et le poids de leur réputation peuvent contrebalancer suffisamment cette multitude de témoignages que nous présentons en preuve.

D’Anville[4] appuie ses raisons de nier l’existence de l’Atlantide sur ce que « le narré de Platon touchant cet évènement est le récit d’un Athénien qui veut illustrer sa patrie, et qu’on voit dans ce qu’il débite sur la patrie des

  1. Plutarque, dans son Traité de la Face de la Lune, traité composé à l’exemple des dialogues de Platon, parle de l’île d’Ogygée qu’il place au loin dans les vastes mers, à peu près dans la même position où nous plaçons l’Atlantide. Mais ce qu’il en raconte n’est, ainsi qu’il le dit lui-même, qu’une agréable fiction.
  2. Remarquons cette tradition des Anciens qui a placé, dans tous les temps, les plus heureuses des nations dans ces îles fortunées, dans ces Hespérides, restes de cette antique Atlantide, dont les peuples étaient si sagement gouvernés, et jouissaient d’une si grande félicité. Voyez Horace, Epode.
  3. Il faut y ajouter Cellarius : Voyez sa Géographie ancienne, tome II.
  4. Géogr. ancienne, abrégé, tome III, p. 123.