Page:Joly - Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 164 —

Machiavel.

Oui, mais à la condition que sous prétexte de littérature on ne se réunira pas dans un but politique, car on peut encore ne pas parler politique du tout et donner néanmoins à un festin un caractère de manifestation qui serait compris du public. Il ne faut pas cela.

Montesquieu.

Hélas ! que, dans un pareil système, il est difficile aux citoyens de vivre sans porter ombrage au gouvernement !

Machiavel.

C’est une erreur, il n’y aura que les factieux qui souffriront de ces restrictions ; personne autre ne les sentira.

Il va de soi que je ne m’occupe point ici des actes de rébellion contre mon pouvoir, ni des attentats qui auraient pour objet de le renverser, ni des attaques soit contre la personne du prince, soit contre son autorité ou ses institutions. Ce sont là de véritables crimes, qui sont réprimés par le droit commun de toutes les législations. Ils seraient prévus et punis dans mon royaume d’après une classification et suivant des définitions qui ne laisseraient pas prise à la moindre atteinte directe ou indirecte contre l’ordre de choses établi.

Montesquieu.

Permettez-moi de m’en fier à vous, à cet égard, et de ne pas m’enquérir de vos moyens. Il ne suffit