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reculée. Que de choses n’ai-je point encore à ajouter ! il faut que je me borne.

Car qui pourrait tout dire sans un mortel ennui ? [1].

Me voici arrivé aux petits moyens ; je le regrette, car ces choses ne sont peut-être pas dignes de votre attention, mais, pour moi, elles sont vitales.

La bureaucratie est, dit-on, une plaie des gouvernements monarchiques ; je n’en crois rien. Ce sont des milliers de serviteurs qui sont naturellement rattachés à l’ordre de choses existant. J’ai une armée de soldats, une armée de juges, une armée d’ouvriers, je veux une armée d’employés.

Montesquieu.

Vous ne vous donnez plus la peine de rien justifier.

Machiavel.

En ai-je le temps ?

Montesquieu.

Non, passez.

Machiavel.

Dans les États qui ont été monarchiques, et ils l’ont tous été au moins une fois, j’ai constaté qu’il y avait une véritable frénésie pour les cordons,

  1. Cette phrase se trouve dans la préface de l’Esprit des lois, p. 1. (Note de l’Éditeur.)